
Alors que l'Assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle loi fondamentale doit présenter jeudi sa proposition de Constitution, des centaines d'opposants au décret ont poursuivi mercredi les manifestations place Tahrir au Caire.
Des centaines d'opposants au président Mohamed Morsi ont occupé mercredi la place Tahrir, au Caire, pour le sixième jour consécutif, exigeant l'abrogation d'un décret donnant au chef de l'État des pouvoirs que les manifestants jugent dictatoriaux.
Cinq mois après l'élection du dirigeant issu des Frères musulmans, des scènes rappelant la révolte populaire qui a mené à la chute de Hosni Moubarak en février 2011 agitent les rues du Caire et d'autres villes d'Égypte, et ont déjà fait deux morts en près d'une semaine.
L'administration Morsi, qui a dit mardi soir qu'elle maintenait le décret controversé, se défend de vouloir instaurer un nouveau régime totalitaire, arguant que ce décret vise à sortir d'une impasse politique pour mener l'Égypte vers une démocratie, ce que ses opposants démentent.
Le projet de constitution doit être achevé mercredi
Pour tenter de calmer les esprits, l'Assemblée constituante chargée de rédiger le projet de nouvelle Loi fondamentale a annoncé qu'elle achèverait rapidement ses travaux. Hossam al-Ghariani, qui préside cette commission dominée par les islamistes, a appelé libéraux, opposition et coptes membres de la commission qui avaient quitté les travaux à "revenir et terminer les discussions jeudi".
Le texte, qui devrait être voté dès jeudi, sera ensuite présenté au président Morsi, puis soumis à un référendum d'ici la mi-décembre, a-t-on précisé de source autorisée. Son adoption définitive abrogera alors le décret présidentiel à l'origine de la colère de la rue, qui reproche à Morsi de se comporter comme un "nouveau pharaon", reproche jadis adressé à Hosni Moubarak, renversé en février 2011.
Bras de fer entre Morsi et le pouvoir judiciaire
Mais pour de nombreux analystes, ce décret laisse une place non négligeable à l'interprétation et les juges eux-mêmes sont divisés sur la question, alors que le Conseil supérieur de la magistrature doit donner son aval.
Cependant, sans Constitution, les pouvoirs du président ne sont pas définis de manière permanente et un nouveau Parlement ne peut pas être élu. Le sort de l'Assemblée constituante a fait en effet l'objet de tractations depuis des mois entre islamistes et opposants et son travail en a été ralenti.
Le président égyptien est engagé dans une épreuve de force avec le monde judiciaire depuis la décision de la Haute Cour constitutionnelle - qui a accusé mercredi le président de participer à une campagne d'attaques à son encontre -, le 14 juin, d'invalider un tiers des sièges de la chambre basse du Parlement dominée par les islamistes, jugeant la loi électorale contraire à la Constitution.
En réponse aux dizaines de milliers d'Égyptiens rassemblés mardi place Tahrir, les Frères musulmans appellent le peuple à manifester son soutien au président." Le parti Al-Nour organisera une manifestation massive samedi pour soutenir la déclaration constitutionnelle" du président, a pour sa part indiqué sur son compte Twitter un porte-parole du parti salafiste, Nader Bakkar.
FRANCE 24 avec dépêches