Après les propos d'Arnaud Montebourg sur ArcelorMittal, des observateurs étrangers sont montés au créneau pour défendre le numéro un mondial de la sidérurgie et dénoncer l'initiative du ministre du Redressement productif.
Stupeurs et redressement. La sortie d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, envers le PDG d’ArcelorMittal, "Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France", a créé la surprise. Alors que deux des hauts-fourneaux de l’entreprise, basés à Florange, sont menacés de fermeture, l’État a jusqu’au 1er décembre pour trouver un repreneur pour le site mosellan, en mal de rentabilité selon le géant de l’acier. Devant la difficulté et afin d’empêcher la perte de 2 500 emplois – sur un total de 20 000 -, Arnaud Montebourg a prévenu qu’il pourrait nationaliser le groupe sidérurgique. Une décision temporaire qui était au menu des discussions entre François Hollande et Lakshmi Mittal mardi. Cette option permettrait de chercher un acquéreur pour l’ensemble des sites de production d’acier, ce dont ne veut pas entendre parler ArcelorMittal.
Lundi 26 novembre, l'entourage du magnat de l'acier s'est dit choqué par les propos du ministre. La déclaration d'Arnaud Montebourg a également provoqué incompréhensions et railleries en dehors de l’Hexagone, notamment en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Mittal "victime", pas "coupable"
Aux États-Unis, selon le site d'information "Quartz", le ministre français du Redressement productif se méprend. “Arnaud Montebourg confond le coupable avec la victime.” Pour la journaliste Simone Foxman, le géant de l’acier a pâti de la situation économique française, mais le Français est trop arrogant pour s’en rendre compte. "Montebourg préfère voir dans la fermeture du site un affront envers le patriotisme français, plutôt que reconnaître que l’économie de la France se porte mal."
Outre-Manche, le maire de Londres a réagi de manière virulente. Qualifiant Arnaud Montebourg d’“excentrique”, Boris Johnson a assuré Lakshmi Mittal que, si la France comptait se passer de ses services, qu’à cela ne tienne, il lui tendrait la main. À Delhi, face à des hommes d’affaires indiens, le Britannique a ainsi indiqué mardi : "Si la France ne veut plus de lui, la Grande-Bretagne, oui !" avant d’encourager de potentiels investisseurs à ne pas se laisser "persécuter" par la France et à réaliser leurs opérations européennes à Londres.
Dans les colonnes du Guardian, on s’étonne que l'initiative soit soutenue au-delà de la gauche. Le centriste et président de l'UDI (Union des Démocrates et Indépendants) Jean-Louis-Borloo a en effet apporté son soutien à la nationalisation de l’entreprise. "L'idée qui consiste à dire que la filière française sidérurgique doit vivre et que l'Etat (…) réfléchisse à un contrôle public transitoire (...) ne me paraît pas inadaptée", a-t-il déclaré sur France Inter. Ainsi, dans une chronique en ligne, le journaliste Hugh Muir s'est moqué de cette proximité entre syndicats, gauche et centre-droit : "C’est du grand n’importe quoi ! Pas étonnant que Mittal préfère vivre en Grande-Bretagne."