Deux jours après le placement sous statut de témoin assisté de Nicolas Sarkozy par le juge Gentil dans le cadre de l'affaire Bettencourt, le quotidien Sud-Ouest publie, ce samedi, des extraits du procès-verbal de son audition.
"Je connais les Bettencourt depuis que j'ai 28 ans. J'en ai 57. J'ai fait cinq campagnes municipales, ils ne m'ont jamais donné un sou, je ne leur ai jamais donné un sou et je ne leur ai jamais rien demandé. Je n'allais pas commencer à 52 ans comme président de la République." C’est en ces termes que l’ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy s’est défendu, jeudi, face au juge Jean-Michel Gentil, dans le cadre de l’enquête sur un possible abus de faiblesse de la milliardaire Liliane Bettencourt.
Devant les juges, Nicolas Sarkozy affirme avoir eu très peu de rapports avec les Bettencourt et leur homme de confiance Patrice de Maistre, soupçonné d'avoir alimenté, notamment, un financement de sa campagne présidentielle de 2007.
"En quinze ans, je n’ai souvenir que d’un dîner chez les Bettencourt (...) avec ma femme Cécilia." "Je suis allé au domicile des Bettencourt une fois, le 24 février 2007, et j’ai reçu à sa demande Mme Bettencourt le 5 novembre 2008, une fois." Il a, notamment, démenti que la milliardaire, âgée de 90 ans, ait pu lui dire la phrase citée par des témoins : "Je vous ai soutenu pour votre élection avec plaisir. Je continuerai à vous aider" : "Tenir des propos d’une telle vulgarité quand on vient voir le président de la République n'est pas imaginable", a-t-il indiqué aux juges.
"Une épreuve"
Également interrogé sur les propos de Liliane Bettencourt - "De Maistre m’a dit que Sarkozy avait encore demandé de l’argent, j’ai dit oui" - tenus en avril 2007, il rétorque que les experts font remonter la confusion mentale de la milliardaire à 2006 et que ces propos "ne peuvent être retenus contre [lui] de la part d'une personne qui n'a pas toute sa tête".
Néanmoins, il indique qu’il n'a pas observé d'état de faiblesse de l’héritière de L’Oréal lors de leur entrevue en 2008 : "Elle n’est pas aidée pour parler, pour se lever. Elle ne bégaie pas. Elle est très bien habillée, soignée. Elle ne dit aucune invraisemblance".
Convoqué aux fins d'une éventuelle mise en examen dans ce dossier, l’ancien président a déclaré qu’en "36 ans de vie politique, c'est la première fois que je suis convoqué dans un cabinet d'instruction, c'est une épreuve".
Selon un proche du dossier cité par l’AFP, une mise en examen ultérieure de M. Sarkozy est désormais "très improbable", les juges n'ayant visiblement pas réuni les "indices graves et concordants" nécessaires à une telle procédure. De quoi réjouir de nombreux militants
d'une UMP en crise qui rêvent d’un éventuel retour en politique de l'ancien président.
FRANCE 24