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France - Argentine : l'heure de vérité pour le XV de France

Victorieux lors de leur dernier match face à l'Australie au Stade de France, les hommes de Philippe Saint-André devront remporter leur match samedi à Lille à 21 heures face aux Pumas argentins, invaincus des Bleus depuis 10 ans.

"Le challenge, c'est de ne pas être français"... Adressée à quinze gaillards qui vont aller combattre l'ennemi argentin sur la frontière nord du royaume du
rugby avec un coq sur le coeur, la consigne aurait de quoi surprendre.

Ces quinze-là l'ont pourtant bien reçue, ils l'ont mâchonnée pendant toute une semaine et sont prêts à l'appliquer dans le Grand Stade de Lille, dont le toit sera fermé samedi pour le premier test-match en indoor sur le sol français.

Ce que voulait leur dire le connétable Philippe Saint-André entre une victoire sur l'Australien, qui a un Wallaby pour emblème, et deuxième test-match face à l'Argentin, dont la tunique est frappée du Puma, est simple.

Leur mission sera de faire mentir une sinistre tradition ainsi résumée par le n°8 Louis Picamoles : "On sait que c'est un mal très français d'être capable de faire une bonne performance et derrière de s'écrouler et de faire un match catastrophique."

La bonne performance est venue samedi dernier avec la victoire 33-6 sur l'Australie, grande nation du Sud, deuxième au classement de l'IRB derrière la Nouvelle-Zélande. Le match catastrophique pourrait venir ce samedi face à l'Argentine.

L'histoire du XV de France est jalonnée de ces matches catastrophiques.

Il y a, pour n'en citer que quelques-uns, la défaite 17-12 face à l'Argentine du match d'ouverture de la Coupe du monde 2007 au Stade de France, les déroutes 42-17 en Afrique du Sud et 41-13 en Argentine qui avaient douché, en juin 2010, l'enthousiasme d'un Grand chelem dans le Tournoi des Six Nations ou le revers 22-21 contre l'Italie d'avant le Mondial 2011.

Le risque est là, donc, alors que Philippe Saint-André souhaite faire de cette tournée d'automne la base de la construction d'une nouvelle équipe pour la Coupe du monde de 2015 et le terrain de conquête d'une des quatre places de tête de série protégées pour cette compétition.

Le dernier test de novembre, contre les Samoa, le 24, est programmé pour être la quatrième cerise d'un gâteau de victoires consécutives mais encore faut-il que la troisième de ces victoires -- Argentine en juin, Australie et re-Argentine -- soit conquise.

Pas de concessions

"C'est un match clé pour nous. On a envie de voir si on est capable de valider deux matches de très, très haut niveau d'affilée. C'est un énorme challenge pour le staff et les joueurs", reconnaît Philippe Saint-André.

Le sélectionneur du XV de France n'a donc fait aucune concession lors de la formation de son équipe. Il a reconduit l'équipe victorieuse de l'Australie, à l'exception du retour de Yoann Maestri, nouvelle poutre du pack rétabli d'un lumbago.

Pour le reste, Philippe Saint-André n'a pas cédé à la défense des egos qui auraient pu faire alterner Morgan Parra avec Maxime Machenaud à la mêlée, François Trinh-Duc avec Frédéric Michalak à l'ouverture ou Wesley Fofana avec Maxime Mermoz au centre.

Il n'a pas pris en compte la théorie des kilos qui aurait pu faire entrer Damien Chouly en troisième ligne ni celle de la couleur locale qui aurait pu favoriser la titularisation à Lille du "Belge" Vincent Debaty en pilier.

Face à eux, dans le Grand Stade qui va certainement former une belle caisse de résonance, les Bleus vont trouver des Pumas aux dents aiguisées par quatre mois de Four nations et une nette victoire sur le Pays de Galles, samedi dernier, au Millennium
Stadium de Cardiff (26-12).

Durant toute la semaine, l'encadrement du XV de France s'est attaché à faire l'éloge d'une équipe d'Argentine, à donner la frousse à tout international qui respecte ses adversaires mais c'est peut-être Vincent Clerc qui a le mieux résumé la qualité
de l'adversaire.

L'équipe d'Argentine n'est "plus l'équipe d'Argentine d'il y a une dizaine d'années qui jouait sur des valeurs de combat", a dit le joueur le plus capé de l'actuelle équipe de France.

"Ces valeurs, ils les ont toujours mais leur animation offensive, leur grosse défense et leur efficacité dans les rucks en font une très bonne équipe", a-t-il ajouté.

"Le match de samedi doit être au moins aussi, si ce n'est, à mon avis, plus difficile que les Australiens. On a envie de faire le match parfait qu'il faut pour réussir à les basculer."

REUTERS