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John McAfee, pionnier des antivirus, recherché pour homicide au Belize

Le pionnier de la sécurité informatique, John McAfee, sous le coup d’une accusation de meurtre au Belize, est en fuite. Une fin de trajectoire dans la lignée de la descente aux enfers de cette ancienne star des années 80.

Présumé innocent... mais en fuite. John McAfee, l’inventeur de l’un des premiers antivirus informatiques, cherche à échapper à la police de Belize. Les autorités de ce petit pays d’Amérique centrale au sud du Mexique l’accuse d’avoir tué, samedi 10 novembre, l’un de ses voisins et co-ressortissant des États-Unis Gregory Faull.

“Dimanche 11 novembre à 8 heures du matin, la police de San Pedro a retrouvé chez lui le ressortissant américain de 52 ans Gregory Viant Faull baignant dans son sang après avoir été tué par balle”, peut-on lire dans le rapport de police qu’a pu se procurer le site américain spécialisé dans les nouvelles technologies Gizomodo. Marco Vidal, patron de l’unité de police spécialisée dans la lutte contre les gangs, a confirmé que John McAfee est le principal suspect dans ce fait divers.

Le drame ferait suite à un problème de voisinage entre les deux hommes. Le mode de vie de John McAfee - protégé par une ribambelle de gardes du corps armés et ayant un chenil personnel composé de chiens décrits comme aggressifs - aurait créé des tensions entre l’ex-star de l’informatique et les habitants des environs.

Paranoïa

Si l’homme est dorénavant en fuite, il n’est pas resté silencieux pour autant. John McAfee a, en effet, joint le site du magazine américain spécialisée dans les tendances numériques Wired pour clamer son innocence. “Je ne sais rien de cette affaire à part ce que j’en ai entendu”, s'est-il justifié. S’il ne veut pas s’expliquer devant les autorités, c’est, dit-il, qu’il "craint pour [sa] vie”. “Je pense que les gens qui ont tué Gregory Faull en voulait en fait à moi, qu’ils se sont trompés de cible”, assure John McAfee à Wired, sans étayer ses dires. Il affirme également que la police de Belize “le tuerait s’il le trouvait”. L’homme a en effet développé une théorie selon laquelle les autorités du Belize lui en veulent personnellement et qu’ils ont “empoisonné ses chiens vendredi dernier”.

Une paranoïa qui n’étonnera pas ceux qui connaissent l’homme. John McAfee est passé en quelques années du statut d’homme d’affaires de génie aux États-Unis à celui d'expatrié marginal et sulfureux à Belize. Il s’est fait connaître à la fin des années 1980 pour avoir mis au point le premier anti-virus accessible au plus grand nombre. Alors qu’il travaillait à l’époque comme ingénieur pour le géant de la défense américain Lockheed, il reçoit un échantillon d’un virus informatique - appelé Pakistani Brain - et developpe un logiciel pour le neutraliser. Il distribue d’abord gratuitement cette solution, puis la vend et son succès le pousse alors à fonder une société spécialisée dans les antivirus.

En tant que pionnier dans le business de la sécurité informatique, McAfee devient rapidement une affaire qui marche et qui marche très bien. L’introduction en Bourse de la société en 1992 rend son fondateur très riche. Deux ans plus tard, il quitte le groupe dans des conditions controversées et vend les parts qu’il détient ce qui lui permet d’être à la tête d’une fortune estimé à 100 millions de dollars.

De l’antivirus aux antibiotiques ?

Commence alors une descente aux enfers où vérités et mensonges ne sont jamais très loins l’un de l’autre. John McAfee a longtemps affirmé que sa déchéance financière était liée à des investissements dans l’immobilier de luxe qui se sont effondrés lors de la crise des "subprimes" en 2007. Le site Gizmodo avance une toute autre histoire : l’ex-star des années 80 aurait dépensé sans compter d'abord pour mettre en place des centres de yoga puis pour promouvoir un sport de son cru, l’aérotrekking (vol à très basse altitude au-dessus du désert).

Une chose est sûre, lorqu’il s’exile à Belize sa fortune n’est plus que de 4 ou 5 millions de dollars. Sur place, sa conduite devient de plus en plus louche, notamment aux yeux des autorités locales. À quoi lui sert son laboratoire en pleine jungle ? Pourquoi a-t-il recruté comme chef de ces gardes du corps un ancien policier vereux connu pour ses liens avec la pègre ?

John McAfee a plusieurs fois affirmé ne rien faire d’illégal. Il assure être passé, à Belize, des antivirus aux antibiotiques. Il a même fondé en 2010 une start-up baptisée QuorumEx dont le but serait de développer des antibiotiques particulièrement efficaces à partir de plantes naturelles. Là encore, des soupçons pèsent sur le but véritable des recherches de l’excentrique Américain.

Il n’y aurait, en fait, pas d’antibiotique miracle à l’horizon, selon plusieurs médias. Le site Gizmodo affirme que John McAfee aurait travaillé avant sa fuite sur de nouvelles drogues. Il en aurait fait part, en 2010, sur un forum russe spécialisé dans les drogues sous le pseudo Stuffmonger. Il s'y épanche longuement sur son amour pour le MPDV (methylenedioxypyrovalerone), une drogue connue pour rendre dépressif et paranoïaque. Pour Gizmodo, Stuffmonger et John McAfee ne font qu'un et les membres du forum semblent penser de même.