Après plus de 22 mois de révolte, l'opposition syrienne est parvenue dimanche à un accord pour constituer une nouvelle instance représentative. Grâce à cette "coalition nationale élargie" née au Qatar, elle espère accélérer la chute d'Assad.
La Ligue arabe doit se réunir lundi après-midi au Caire au niveau ministériel pour des discussions centrées sur la Syrie après l'accord survenu pour unifier l'opposition au régime de Damas.
Les ministres des Affaires étrangères, ou leurs représentants, des pays membres de l'institution panarabe ainsi que l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi doivent se retrouver au siège de l'institution panarabe au Caire, selon un responsable.
Le nouveau chef de la coalition syrienne élargie de l'opposition, Ahmad Moaz al-Khatib, devait aussi se rendre au Caire en compagnie du Premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani.
Selon ce dernier, la présence de cheikh Khatib au siège de la Ligue arabe est "un premier pas sur la voie d'une reconnaissance internationale" de la nouvelle coalition.
Les opposants syriens ont réussi à mettre fin à leurs divisions après bientôt vingt mois de révolte contre le régime de Bachar al-Assad et plus de 38 000 morts. Les différentes composantes "des rebelles" sont désormais fédérées au sein d’une "coalition nationale élargie".
Cette union a été conclue dans la nuit du 11 au 12 novembre, après d’épuisantes négociations menées depuis jeudi à Doha sous l’égide du Qatar et de la Ligue arabe.
"Il s’agit d’un pas important sur la voie de la chute du régime", a réagi Ryad Hidjab, ancien premier ministre syrien, qui a fait défection en août.
L’accord a été signé par Cheikh Ahmad Moza al-khatib, un religieux modéré, élu président de "cette coalition nationale syrienne des forces de l’opposition et de la révolution", et par Georges Sabra, (photo, à droite) nouveau chef du Conseil national syrien (CNS).
Le CNS, qui ne voulait pas se fondre dans une instance plus large de peur d’être marginalisé, a finalement cédé aux pressions arabes et internationales.
Selon les termes de cet accord, une assemblée de 55 à 60 membres va être mise en place. Un gouvernement de transition, composé de dix membres, sera également formé dans les prochaines semaines.
Soutien international
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a qualifié l'accord conclu entre les différentes composantes d'"étape majeure". Il a aussi déclaré que la France apportait son "plein soutien" à la "coalition nationale" des forces de l'opposition syrienne.
Les États-Unis ont aussi annoncé qu’ils approuvaient cette unification. "Nous avons hâte de soutenir la Coalition nationale qui ouvre la voie à la fin du régime sanglant d'Assad et à l'avenir de paix, de justice et de démocratie que mérite le peuple entier de la Syrie", a affirmé le porte-parole adjoint du Département d'État Mark Toner dans un communiqué.
itTirs de sommations israéliens
Au même moment, les combats faisaient toujours rage entre rebelles et soldats pour le contrôle de villes clés. Des hélicoptères et l’artillerie du régime ont bombardé, le 11 novembre, la région de Ras al-Aïn à la frontière turque.
Dans la banlieue de Damas, des affrontements ont également eu lieu à Harasta. L'"armée et les forces de sécurité ont commencé une opération de nettoyage de la province de Damas, qui devrait s’achever dans quelques jours", a annoncé le journal "Al-Watan", proche du pouvoir.
Les violences ont aussi débordé au sud du pays dans la partie du Golan occupée par l'État hébreu. L’armée israélienne a procédé à des "tirs de sommation" en direction de la Syrie après la chute d'un obus de mortier près d’une implantation juive. Cette riposte est le premier incident du genre depuis près de 40 ans et la guerre des Six jours.
Au total, au moins 64 personnes, dont 25 civils, 16 soldats et 23 rebelles, ont été tuées dimanche à travers le pays, selon un bilan de l’Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
FRANCE 24 avec dépêches