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Damas en proie à de violents combats, l'opposition réunie au Qatar

Alors que les affrontements se multiplient à Damas, l'opposition syrienne, réunie au Qatar, tente de surmonter ses rivalités. Le CNS a d'ores et déjà élargit sa composition et la création d'une nouvelle direction politique est en discussion.

Damas était mercredi au centre des affrontements entre rébellion et troupes du régime de Bachar al-Assad, les attentats se multipliant dans le même temps dans des quartiers et banlieues peuplés en majorité par des alaouites, la minorité religieuse dont est issu le clan Assad.

A Londres, le gouvernement a annoncé que des responsables allaient s'entretenir avec la rébellion, précisant qu'il n'était pas question d'armer ces groupes mais d'ouvrir des discussions dans le but d'unir l'opposition et de mettre un terme à l'effusion de sang.

Damas, un temps éclipsée par l'ouverture fin juillet d'un front à Alep, la métropole commerçante du nord, est désormais au centre des combats, le régime tentant de la conserver pour y asseoir sa légitimité politique.

La capitale syrienne a de nouveau été frappée dans la nuit par l'explosion d'une voiture piégée dans le quartier de Qadame (sud), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins, faisant état d'un mort.

Lundi et mardi, deux attaques similaires avaient tué 19 civils dans le quartier al-Wouroud de Qoudsaya, dans la banlieue ouest de Damas et 13 civils dans le "secteur 86" du quartier damascène de Mazzé, deux zones peuplées en majorité par des alaouites.

Mercredi matin, trois civils ont été tués à Mazzé, qui abrite des ambassades et des centres de la Sécurité, sous les tirs de mortier, a affirmé l'OSDH.

L'agence officielle Sana a fourni le même bilan et imputé ces tirs visant une maison et un taxi collectif à des "terroristes", terme par lequel le régime désigne les insurgés.

La communauté alaouite visée

"Les attaques à Mazzé constituent un tournant significatif, car pour la première fois la communauté alaouite, qui n'avait jamais été ciblée en tant que telle, est associée directement au régime et visée pour cela", a indiqué à l'AFP Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo).

Deux autres véhicules bourrés d'explosifs avaient fait des blessés et des dégâts près de Damas mardi. Aucun de ces attentats n'a pour le moment été revendiqué.

Lundi un combattant du Front Al-Nosra, un groupe islamiste présent désormais sur la quasi-totalité des fronts aux côtés des rebelles, avait perpétré un attentat suicide à la voiture piégée à Hama (centre) contre une position militaire, tuant 50 personnes.

A proximité, le quartier de Hajar al-Aswad et le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk étaient en proie à de violents combats entre rebelles et combattants des comités populaires palestiniens, alliés du régime.

Près d'un demi-million de réfugiés palestiniens vivent en Syrie, et selon l'OSDH, des combattants palestiniens prennent part aux affrontements, certains avec le régime, d'autres avec les rebelles.

Selon le quotidien al-Watan, proche des autorités, l'armée a entamé une vaste opération "pour libérer les civils, otages des milices de l'ASL et pour protéger le camp Yarmouk, cible d'attaques terroristes".

Ailleurs dans le pays, le régime mise sur son aviation, son principal atout face à des rebelles équipés d'armes légères, et multiplie les raids aériens meurtriers, notamment dans le nord-ouest.

Les Britanniques rencontreront les rebelles

Face à la spirale des violences qui ont fait plus de 36.000 morts en près de 20 mois, selon l'OSDH, Londres s'est dit favorable à une sortie sécurisée de M. Assad de Syrie et envisage de rencontrer l'opposition armée dans un pays tiers.

Des responsables ont insisté sur le fait que ces groupes seraient appelés à respecter les droits de l'Homme, alors que de récentes vidéos montrant des exactions commises par les forces pro et anti-régime ont suscité des condamnations.

Mardi, le Premier ministre britannique David Cameron s'était dit favorable à "tout pour voir (M. Assad) quitter le pays et avoir une transition sûre en Syrie".

En tournée au Moyen-Orient, M. Cameron a visité mercredi un camp accueillant 36.000 réfugiés syriens en Jordanie.

Refonder l'opposition

Un des chefs de la principale formation de cette opposition armée, l'Armée syrienne libre (ASL), le colonel déserteur Kassem Saadeddine, a annoncé avoir échappé à une tentative d'assassinat des "chabbihas", les miliciens civils du régime, dans une vidéo diffusée dans la nuit.

De son côté, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition actuellement réunie au Qatar pour évoquer sa refondation, a exprimé l'espoir de voir le président américain Barack Obama, réélu mercredi, placer la Syrie en tête de ses priorités.

Les relations du CNS, longtemps considéré par la communauté internationale comme un "interlocuteur légitime", se sont récemment tendues avec l'administration américaine qui lui reproche son manque de représentativité.

Pour répondre à ces critiques, le CNS a annoncé s'être élargi à 13 nouveaux groupes d'opposition, et va participer jeudi à une réunion avec d'autres opposants qui examinera la création d'une nouvelle direction politique, proposée par Riad Seif.

Cet ancien député en exil veut ainsi "éviter un vide politique au moment de la chute du régime d'Assad" et "garantir une reconnaissance internationale".

AFP