Le responsable religieux de la mosquée Omar à Paris a été expulsé mercredi du territoire français, a annoncé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui a décidé de se montrer "intransigeant envers ceux qui profèrent des discours de haine".
L'imam Mohamed Hammami, responsable religieux de la mosquée Omar, située dans le 11e arrondissement de Paris, a été expulsé mercredi du territoire français pour avoir "valorisé le djihad violent, proféré des propos antisémites et justifié le recours à la violence" contre les femmes, a indiqué le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls.
Il a été éloigné vers la Tunisie, pays dont il est ressortissant, précise-t-il dans un communiqué.
"Je crois qu'il a été arrêté par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), dans la rue, aujourd'hui à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) où il habite", avant d'être conduit à l'aéroport, a déclaré à l'AFP le fils du religieux, Hamadi Hammami.
Le gouvernement intransigeant
Après le démantèlement d'une cellule islamiste au début du mois d’octobre, le gouvernement avait prévenu qu’il se montrerait sans concession envers les imams "auto-proclamés" qui font "passer des doctrines de haine" et constituent une "menace pour la société française".
"Nous avons décidé d'être intransigeants à l'égard de tous ceux qui profèrent des discours de haine à l'égard de la République et de nos valeurs et de procéder à l'expulsion de responsables, de militants religieux qui prônent un islam radical", a confirmé mercredi M. Valls à la presse.
Et pour l'Intérieur, les faits reprochés au religieux "sont particulièrement graves". "Lors de ses prêches", souligne le ministère, l'imam "a tenu des propos ouvertement hostiles envers les valeurs de la République".
Mohammed Hammami dans le collimateur de l’ État
En France depuis des décennies, Mohammed Hammami, qui a cinq enfants majeurs et 19 petits-enfants, est dans le collimateur du gouvernement français depuis plusieurs mois. Le prédécesseur UMP de Manuel Valls à l’Intérieur, Claude Guéant, avait accusé l’imam en janvier dernier d'avoir tenu "des propos violemment antisémites" et d'avoir appelé "à fouetter, à mort, la femme adultère". Il avait ensuite engagé la procédure visant à l’éloigner du territoire.
Âgé de 77 ans et peinant à se mouvoir, Mohammed Hammami avait cependant contesté la totalité des accusations, dénonçant une "diabolisation", avant de se faire hospitaliser. Appartenant à l'association Foi et Pratique, qui se réclame de la mouvance rigoriste tabligh, l'imam officiait régulièrement à la mosquée Omar jusqu'à il y a trois ans.
Le 5 mai, ses avoirs avaient été gelés par le ministère de l'Économie, ainsi que ceux de son épouse dix jours plus tard. Cependant, la commission d'expulsion, dont l'avis n'est que consultatif, avait rendu un avis défavorable à l'expulsion de l'imam, estimant que son "expulsion porterait atteinte à sa vie familiale".
Claude Guéant avait déjà expulsé cinq islamistes considérés comme radicaux, dont trois imams, pour atteinte aux intérêts fondamentaux de l'État. Ces expulsions faisaient suite à un coup de filet dans la mouvance islamiste, une mesure prise quelques jours après la mort de Mohamed Merah, l'auteur des sept meurtres commis fin mars à Toulouse et Montauban.