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Un journaliste grec traque les évadés fiscaux et se retrouve poursuivi par la justice

Costas Vaxevanis est poursuivi pour avoir publié 2 059 noms de détenteurs grecs de comptes bancaires suisses. Ces noms sont issus de la liste transmise en 2010 par Christine Lagarde, à l'époque ministre française des Finances.

L’affaire commence en 2010. Christine Lagarde, ministre de l’Économie sous le gouvernement de François Fillon, remet à Athènes une liste d’évadés fiscaux grecs qui détiendraient des comptes en Suisse. Cette liste provient de documents révélés par un employé de la banque HSBC en Suisse. Passé sous silence, ce document, surnommé "liste Lagarde", a refait surface depuis quelques semaines en Grèce. Samedi 27 octobre, le magazine grec "Hot Doc" a publié une liste, remise de façon anonyme, de 2 059 noms parmi lesquels des dirigeants de renom et deux hommes politiques en fonction.

Les autorités grecques, qui n'ont pas confirmé qu’il s'agissait de la "liste Lagarde", ont procédé à l’arrestation dimanche 28 octobre du rédacteur en chef du magazine, Costas Vaxevanis, pour avoir révélé des données privées sans autorisation.

"Aucune preuve ne montre que les personnes ou les entreprises figurant sur cette liste ont enfreint la loi. Il n'y a aucune preuve qu'elles aient violé la loi sur l'évasion fiscale ou le blanchiment d'argent", a déclaré un responsable de la police.

"Je n’ai fait que mon travail"

Costas Vaxevanis a ensuite été relâché dans la soirée, puis a comparu lundi 29 octobre devant la cour pénale d'Athènes où il s'est vu accorder un délai de trois jours, à sa demande. Le début du procès est prévu le 1er novembre. Le journaliste, qui dit "n’avoir fait que [son] travail", estime que "si quelqu’un doit s'expliquer devant la justice, ce sont les ministres qui ont tenté de dissimuler cette liste."

La semaine dernière, le ministre des Finances Yannis Stournaras avait déclaré qu’il demanderait à nouveau la liste auprès des autorités françaises, affirmant que l’un de ses prédécesseurs l’avait égarée tandis qu’un autre n’avait pu l’authentifier.

Mais pour Costas Vaxevanis, trop de temps s’est écoulé. "Demain, le Parlement votera une baisse de 100 à 200 euros des salaires des fonctionnaires, alors que pendant ce temps, la plupart de ces 2 000 personnes figurant sur la liste semblent frauder les impôts en envoyant secrètement de l'argent en Suisse", déplore-t-il.

Début octobre, deux Grecs suspectés de faire partie de la liste avaient été retrouvés morts après s’être probablement suicidés.