Soucieux de rendre les clubs allemands plus compétitifs, le manager général du Bayern Munich a proposé que les Allemands paient une contribution mensuelle de 2 euros, sous forme de redevance télé. Sans réelle succès.
AFP - Le manageur général du Bayern Munich, Uli Hoeness, a déclenché mardi une polémique en proposant de confier la diffusion des matches de football aux chaînes publiques en échange d'une "taxe" de 2 euros par mois payée par les contribuables, qui viendrait s'ajouter à la redevance.
Dans l'hebdomadaire économique Wirtschaftswoche, Hoeness se plaignait que le Bayern ne recevait "que" 30 millions d'euros pour la diffusion de ses matches de Championnat, alors que les clubs italiens, espagnols ou anglais reçoivent 80 à 130 millions par saison, ce qui expliquerait l'absence de tout club allemand en finale de la Ligue de champions depuis près de huit ans (victoire du Bayern contre Valence en 2001).
"Si nous avions 100 millions d'euros de plus (à notre budget), une victoire en Ligue des champions redeviendrait un objectif", ajoutait-il.
Et pour accroître les ressources de son club, Hoeness propose une taxe de deux euros par mois et par foyer soumis à la redevance, en échange d'une exclusivité des droits de diffusion pour les chaînes publiques ARD et ZDF des matches de première et de deuxième division.
Cette taxe génèrerait 888 millions d'euros par an à partager entre les 36 clubs professionnels allemands, contre 412 millions cette année.
L'idée avancée par le dirigeant allemand a été froidement accueillie par la chaîne de télévision à péage Premiere, qui a l'exclusivité des diffusions pour le moment et n'a pas souhaité faire de commentaires.
Du côté des chaînes publiques, on ne semblait guère plus intéressés par cette proposition.
Deux euros, une "petite bière"
"Je ne crois pas que les chaînes publiques soient là pour financer le football", a répondu dans le quotidien Bild le responsable des sports d'ARD Axel Balkausky.
Chez ZDF, Dieter Gruschwitz, a répondu qu'une telle suggestion "ne se (commentait) même pas".
Deux euros, "c'est une petite bière au troquet du coin, ou un demi-paquet de cigarette. Et en échange on pourrait voir tous les matches en direct sur les chaînes publiques", a néanmoins argumenté Hoeness dans un entretien à l'agence allemande SID.
Interrogé sur le désintérêt de certains foyers pour le football, Hoeness a estimé que "tout le monde n'(était) pas intéressé non plus par les séries en début de soirée, les émissions de musique populaires ou les programmes culturels, et pourtant tous doivent payer les 17,98 euros par mois de redevance".
"Même si on laissait le choix de payer cette taxe ou pas, je suis sûr que sur les 37 millions de foyers au moins les deux tiers seraient même prêts à investir 3 euros par mois", et combler ainsi le manque à gagner, a-t-il ajouté.
Hoeness a néanmoins reçu le soutien de quelques personnalités du football allemand, comme le président du Borussia Dortmund, Hans-Joachim Watzke, qui a jugé "bon qu'Uli Hoeness évoque ce problème et mette le doigt là où ça fait mal, parce que nous avons un problème avec l'argent des télé en Allemagne".