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Walid Joumblatt : "J’accuse Assad, ses sbires et son régime meurtrier"

Walid Joumblatt, le leader de la communauté druze au Liban, accuse le régime syrien d'avoir commandité l'assassinat du général Wissam al-Hassan, chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure libanaises. Entretien.

Figure incontournable de la scène politique libanaise depuis la fin des années 1970, Walid Joumblatt est surtout une des personnalités les plus influentes de la communauté druze, une communauté présente au Liban mais aussi en Syrie. Il répond aux questions de FRANCE 24, au lendemain de l’assassinat du général Wissam al-Hassan, puissant chef des services de renseignement des Forces de sécurité intérieure libanaises (FSI).
Qui est derrière l’attentat qui a tué le général Wissam al-Hassan ?
 
Walid Joumblatt : J’accuse Assad, ses sbires et son régime meurtrier d’avoir tué Wissam al-Hassan parce qu’il était un instrument sécuritaire très important dans l’enquête qui a mis au jour les rouages de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, en février 2005. De plus, il avait récemment découvert l’affaire Michel Samaha, (ancien ministre libanais, proche du président syrien Bachar al-Assad, ndlr) : ce dernier transportait dans sa voiture des bombes visant à semer le chaos au Liban.
Craignez-vous une déstabilisation du Liban à la suite de cet assassinat ?
Il faut tout faire pour éviter que ce pays ne s’embrase. Nous avons perdu cet élément-clé de notre appareil sécuritaire, car par son action, Wissam al-Hassan était celui qui nous protégeait. Nous sommes tous dans la ligne de mire du bourreau et de ses services à Damas. Il faut éviter le pire en attendant que la communauté internationale réagisse efficacement contre lui. Mais vu son impuissance et sa lâcheté envers le bourreau de Damas, elle ne peut rien faire pour le Liban.
Pourquoi le régime syrien tenterait-il de déstabiliser son voisin libanais et l’ensemble de la région ?
Bachar al-Assad est fou et dément. Il fait ce qu’il veut tant qu’il constatera qu’il n’y pas d’opposition internationale sérieuse contre lui. Le régime syrien est encore assez fort vu que ce monsieur (Bachar al-Assad, ndlr) brûle son pays et tue des centaines de syriens chaque jour depuis 18 mois. Il restera aussi fort tant que l’Occident et les amis de la Syrie seront incapables de l’abattre. Il fallait, après avoir compris que les sanctions prises contre son régime étaient inefficaces, et dès le début de la militarisation du soulèvement syrien, donner des armes adéquates à l’Armée syrienne libre (ASL) pour qu’elle puisse se défendre. Elle n’a même pas de quoi abattre les avions qui les bombardent et qui tuent des Syriens par centaines tous les jours.