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Wissam al-Hassan, le chef des renseignements libanais, ennemi de Damas

Tué vendredi, le chef des renseignements de la police libanaise était détesté par le régime de Damas. Après l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en 2005, il n'avait pas hésité à accuser Bachar al-Assad d'avoir fomenté l'attaque.

Wissam al-Hassan, chef des renseignements de la police libanaise tué vendredi dans un attentat à Beyrouth, était un général sunnite honni par le régime de Damas qu'il soupçonnait d'être derrière l'assassinat en 2005 de son mentor, l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.

Rondouillard, le visage barré par une moustache grise, ce général de 47 ans avait installé sa femme et ses enfants à Paris "car il se savait visé", a indiqué un des dirigeants de l'opposition libanaise hostile au régime de Damas.

Ses succès à la tête des renseignements des FSI ont été notamment le démantèlement de réseaux islamistes dans le pays et les réseaux d'espionnage au profit d'Israël.

Mais son véritable coup de maître a été l'arrestation le 9 août dernier de l'ex-ministre libanais pro-syrien Michel Samaha, soupçonné d'avoir voulu planifier une série d'attentats dans le nord du Liban pour créer le chaos dans le pays, à l'instigation du chef des renseignements syriens Ali Mamlouk.

Il était déjà honni par le régime de Damas, pointé du doigt non seulement dans l'attentat de M. Hariri mais également pour tous les assassinats de personnalités libanaises opposées à la Syrie entre 2005 et 2008.

Selon un leader de l'opposition, Samir Geagea, "ils ont visé le général Hassan car il a arrêté Michel Samaha et il était parmi les responsables de sécurité qui n'avaient peur de rien".

Né dans le Koura, une région dans le nord du Liban, il avait intégré l'Académie de police en 1983. Chargé du protocole de Rafic Hariri, il était la plupart du temps à ses côtés. Après son assassinat qui avait conduit au départ des forces syriennes du Liban, le général Hassan était devenu chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), la police libanaise.

Selon des officiers des FSI, le défunt était "l'homme des tâches difficiles" mais aussi l'homme de l'ombre. Lorsqu'il a été tué, il circulait à bord d'une voiture banalisée, sans utiliser de convoi de couverture. Ses assassins devaient le savoir puisqu'ils l'ont tué dans une ruelle avec une voiture qui attendait son passage, selon une source gouvernementale.

D'après les mêmes sources, le général se "déplaçait d'habitude avec des mesures de sécurité exceptionnelles".

"Nous avons perdu un pilier de la sécurité mais nous n'allons pas renoncer car nous devons préserver la sécurité du pays", a affirmé le chef des FSI, le général Achraf Rifi.

D'après M. Geagea, lui-même visé par une tentative d'assassinat en avril dernier, "le général Hassan nous alertait à chaque fois que des menaces pesaient contre nous", en référence aux membres de l'opposition hostile à Damas.

Interrogé si la Syrie se tenait derrière l'attentat, il a répondu "qui d'autre cela peut-il être? Depuis 2005, il y a eu une dizaine d'attentats ayant visé le 14-Mars (coalition de l'oppositon), qui d'autre à votre avis est derrière ça?".

(AFP)