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Attentat de Beyrouth : Saad Hariri accuse Damas

Le chef de l'opposition libanaise accuse le régime syrien d'avoir assassiné le chef des renseignements de la police, tué dans l'attentat qui a coûté la vie à sept autres personnes, vendredi, dans le quartier est de Beyrouth.

Après quatre ans passés sans le moindre attentat, Beyrouth, la capitale libanaise, a renoué avec la violence vendredi 19 octobre. Une voiture piégée a explosé à Achrafieh, un quartier chrétien de l’est de Beyrouth, faisant huit morts et 86 blessés, selon un bilan définitif de source gouvernementale. Parmi les tués, figure le chef des renseignements de la police libanaise, le général Wissam al-Hassan.

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"Tous les membres de l’opposition libanaise voient la main d'Assad dans cette attaque"
Attentat de Beyrouth : Saad Hariri accuse Damas

Ce dernier, un musulman sunnite, dirigeait la branche des Forces de sécurité intérieure (FSI) dédiée au renseignement. Proche de Saad Hariri, chef de l'opposition libanaise opposée au régime de Damas, il était l’un des principaux officiels du camp anti-syrien. Début août, le général Wissam al-Hassan avait procédé à l’arrestation de l'ex-ministre Michel Samaha, un partisan du régime syrien, dans le cadre d'une affaire d'explosifs saisis qui devaient être notamment placés dans le nord du Liban.

L'opposition pointe Al-Assad

Aussitôt après l’annonce de sa mort, plusieurs responsables de l’opposition libanaise ont ouvertement accusé le régime de Damas. "Nous accusons Bachar al-Assad d'avoir assassiné Wissam al-Hassan, le garant de la sécurité des Libanais ", a ainsi déclaré Saad Hariri à la chaîne de télévision Future TV.

Une accusation aussitôt relayée par le dirigeant druze Walid Joumblatt. "Bachar al-Assad prend sa revanche car ils n'ont pas pu utiliser Michel Samaha", a-t-il ainsi estimé.

L’attentat de ce 19 octobre n’est pas sans rappeler celui qui avait coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005. De 2005 à 2008, le Liban avait été secoué par une série d'assassinats de personnalités, en majorité hostiles au régime syrien, Damas avait déjà été pointée du doigt.

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"C’est une attaque contre le tribunal international pour le Liban"
Attentat de Beyrouth : Saad Hariri accuse Damas

La Syrie, secouée depuis 19 mois des violences meurtrières sans précédent, a été le premier État étranger à réagir, condamnant un attentat " lâche " et " terroriste ".

Routes coupées et pneus brûlés

L’annonce de la mort du général Hassan a également provoqué une onde de choc dans tout le pays. Des hommes dans des régions à majorité sunnite ont brûlé des pneus et coupé des routes à Beyrouth et dans plusieurs villes à travers le Liban. Des affrontements ont notamment été rapportés à Tripoli, la grand ville du Nord, qui depuis plusieurs mois connaît régulièrement des combats meurtriers entre sunnites anti-Assad, et alaouites soutenant le régime syrien.

"Un véritable chaos règne ici ", a raconté à FRANCE 24 depuis Beyrouth la journaliste Lynn Tehini. "Les Libanais étaient habitués par le passé à ce genre d’attaque, mais cela ne s’était pas produit depuis longtemps [la guerre civile a duré de 1975 à 1990]. Les gens sont en train de paniquer et ne savent pas à quoi s’attendre. Ils craignent que l’attentat ait de graves conséquences sur le pays ", poursuit la journaliste.

Vague de condamnations internationales

La communauté internationale a également exprimé sa vive indignation. Le président français, François Hollande, a fermement dénoncé l'attentat de Beyrouth et déploré la disparition de Wissam al-Hassan. "Un homme dévoué à son pays, à sa stabilité et à son indépendance", peut-on lire dans le communiqué de l’Élysée. Présentant ses condoléances aux familles des victimes, François Hollande a souhaité "que toute la lumière soit faite sur cet acte terroriste".

Les États-Unis ont condamné "dans les termes les plus forts ce qui semble être un acte terroriste. Rien ne peut justifier une telle violence", a déclaré la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland.

Le dernier attentat contre une personnalité à Beyrouth remontait à janvier 2008, lorsqu'un autre officier des renseignements libanais, le capitaine Wissam Eid, avait été assassiné dans une attaque à la voiture piégée.