Le procès de 14 hommes accusés de viols collectifs dans une cité de la région parisienne s’est soldé par l’acquittement de 10 d’entre eux. Des peines allant de trois ans de prison avec sursis à un an ferme ont été prononcées pour les autres.
Le verdict est tombé tard dans la nuit de mercredi à jeudi. Dix des quatorze hommes poursuivis pour des viols collectifs sur deux jeunes femmes, Nina et Aurélie*, dans une cité de Fontenay-sous-Bois, en Île-de-France, ont été acquittés par la Cour d’assises du Val-de-Marne. Les quatre autres ont été condamnés à des peines légères, allant de trois ans de prison avec sursis à un an de prison ferme.
Le parquet de Créteil fait appel
Le ministère public a décidé de faire appel des condamnations et de certains acquittements, a indiqué vendredi à l'AFP la procureure de Créteil, Nathalie Becache.
"Le verdict est trop éloigné du réquisitoire de l'avocate générale, à la fois sur les peines prononcées et sur certains acquittements. Il ne correspond pas au déroulement des crimes et à leur appréciation", a-t-elle déclaré.
L'appel concerne les quatre personnes condamnées à des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme, ainsi que les acquittements prononcés par la cour alors que l'avocate générale avait requis des condamnations.
Quelques applaudissements ont accueilli l’énoncé du verdict. "On évite un fiasco judiciaire", a commenté Amar Bouaou, avocat d’un acquitté et d’un condamné. Les peines prononcées sont bien en deçà des réquisitions du parquet, qui avait demandé cinq à sept ans de prison pour huit accusés. L’avocate générale s’en était remise aux jurés pour décider du sort des six autres, évoquant un manque d’éléments à charge à leur encontre.
"Une instruction mal faite"
"Un naufrage judiciaire", a pour sa part commenté Laure Heinich, l'avocate des deux jeunes femmes, sur France Info. "Quand on entend ‘coupable de viol en réunion : trois ans de sursis', nécessairement on s'interroge : quel est le sens de la peine ?", a-t-elle également déclaré, fustigeant une instruction "extrêmement mal faite".
Après plus de trois semaines de débats sous haute tension, la Cour d’assises n’a reconnu les viols que sur une seule des jeunes femmes, Nina. Toutes les deux avaient déposé plainte en 2005 pour des viols à répétition - des "tournantes" - commis dans des conditions particulièrement sordides. Les plaignantes avaient entre 15 et 16 ans au moment des faits.
Plusieurs accusés ont reconnu avoir eu des relations sexuelles avec Nina, "consentante" selon eux. La jeune femme avait au contraire déclaré aux enquêteurs avoir eu le sentiment d’être "prise pour de la viande". Les hommes accusés de viol sur Aurélie, aujourd’hui 28 ans, ont tous été déclarés non coupables. "C’est flou. C’est loin. Il y a des choses dont on ne peut pas se souvenir", avait-elle déclaré à l’AFP la veille du verdict.
Vies de pères de famille rangés
Tous les accusés, qui vivent aujourd’hui des vies rangées de pères de famille, ont toujours nié avec véhémence les accusations dont ils ont fait l’objet. Douze d’entre eux ont comparu libres, l’un étant en fuite au Chili et l’autre, incarcéré, devant être jugé en novembre pour le kidnapping de son enfant et l’assassinat de son ex-compagne en février 2010.
Les deux jeunes femmes n’étaient pas présentes au tribunal de Créteil au moment de l’énoncé de la décision de la Cour d’assises. Aurélie, mère de trois enfants, ne s’est pas rendue au tribunal pendant une dizaine de jours, après une tentative de suicide. Nina, de son côté, n’a pas assisté à l’ensemble du procès sur les conseils de son médecin. Elle souffre d’ "épuisement psychologique".
(FRANCE24 avec dépêches)