
Boris Johnson, le maire conservateur de Londres, a fustigé, lundi, François Hollande qui ferait vivre à la France la pire tyrannie de son histoire "depuis 1789". En juin déjà, le Premier ministre David Cameron s'était essayé au "french bashing".
François Hollande meilleur punching ball des Tories, acte II. Après David Cameron et son “tapis rouge”, c’est un autre ténor de la droite anglaise, le maire de Londres, Boris Johnson, qui s’en prend au président français. Durant la première journée de la convention du Parti conservateur britannique à Birmingham (centre de l’Angleterre), il a qualifié le début du quinquennat du nouveau chef de l'État français de “tyrannie”.
“Jamais depuis [la Révolution française de] 1789 il n'y a eu une telle tyrannie ou terreur en France”, a affirmé, lundi, dans son discours, l’excentrique politicien britannique en visant la politique fiscale mise en œuvre par le gouvernement socialiste français.
Une sortie qui permet à cet habitué des bons mots et des coups d’éclat médiatiques de récupérer politiquement le mécontentement du mouvement des “pigeons” français - ces net-entrepreneurs et patrons de fonds d’investissement - qui ont obtenu, jeudi 4 octobre, des concessions gouvernementales sur la fiscalité des cessions d’entreprises. Ce "blitzkrieg" contre le projet de loi de finances 2013 (PLF 2013) avait trouvé un large écho dans la presse anglo-saxonne, qui l’avait résumé à un affrontement entre les valeurs de la libre-entreprise et un interventionnisme étatique néfaste pour l’innovation.
“Vous êtes tous les bienvenus !”, a lancé Boris Johnson, s’exprimant alors dans la langue de Molière, en direction d’éventuels candidats entrepreneurs français à un exil fiscal vers la capitale britannique. Le maire de Londres a néanmoins prévenu qu’il n’accepterait que ceux qui “viennent alimenter notre économie”. Il ne veut pas, en revanche, des Français “qui épuiseraient nos ressources nationales”, en référence à la prétendue propension française de vivre aux crochets d’un État-providence honni des Tories.
Boris Johnson sait de qui il parle en visant les ressortissants français. En tant que maire de Londres, il est à la tête de la sixième ville française du monde, 300 000 à 400 000 Français y étant installés.
Histoire de leadership
Cette pique à l’égard du président français rappelle la sortie du Premier ministre
itbritannique David Cameron qui avait déjà, le 19 juin, fustigé la politique fiscale de François Hollande. Le locataire du 10 Downing Street avait alors juré qu’il “déroulerait le tapis rouge” aux entrepreneurs "frenchies" qui voudraient fuir la taxation à 75 % des “super-riches”.
Ce n’est probalement pas un hasard si Boris Johnson prend ainsi à David Cameron la carte François Hollande. En empruntant l’argumentation “cameroniste”, le maire de Londres - accueilli comme une rock-star à la convention des Tories - marche dans les pas du Premier ministre et se pose, sans le dire ouvertement, en successeur du leader des conservateurs britanniques.
Un sondage publié lundi dans le quotidien britannique The Observer montre que Boris Johnson a une cote de popularité largement supérieure à celle du Premier ministre actuel au sein de l’électorat conservateur. Le maire de Londres, qui a réitéré lundi son soutien à David Cameron, n’a d’ailleurs pas voulu insulter un éventuel avenir de Premier ministre. Interrogé, dimanche, sur la radio publique BBC Radio 5 pour savoir s’il pensait pouvoir être meilleur que David Cameron en tant que chef du gouvernement, il s’est contenté de dire que “David Cameron est, en tout cas, un meilleur Premier ministre qu’Ed Miliband [leader des Travailliste, NDLR]”.