Une cellule islamiste radicale a été démantelée samedi et l'un de ses membres, un Français de 33 ans, a été tué à Strasbourg après avoir ouvert le feu sur des policiers venus l'interpeller, le soupçonnant d'une attaque contre un commerce juif.
Les juifs de France inquiets
La communauté juive de France a exprimé son soulagement mais aussi son inquiétude après le démantèlement samedi d'une cellule islamiste radicale, alors qu'elle célèbre les fêtes de Souccot.
Le président François Hollande a prévu de recevoir dimanche les présidents du Consistoire central israélite de France et du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Joël Mergui et Richard Prasquier.
Samedi soir, une synagogue d'Argenteuil (Val-d'Oise) a été visée par des tirs à blanc, provenant d'une voiture qui a ralenti à l'approche de la synagogue, avant d'accélérer et de prendre la fuite.
"C'est un acte de plus contre la communauté juive. C'est très inquiétant", a déclaré à l'AFP le président du Conseil des communautés juives du Val-d'Oise, Moshé Cohen-Sabban.
Source : AFP
Onze personnes ont été interpellées et placées en garde à vue dans le cadre de l'opération antiterroriste menée samedi en région parisienne, sur la Côte d'Azur - notamment à Cannes - et dans l'est de la France, a indiqué le procureur de Paris François Molins lors d'une conférence de presse samedi après-midi.
Un homme de 33 ans a également été tué à Strasbourg alors qu'il avait tiré sur la police qui venait l'arrêter. Jérémie Louis-Sidney, de nationalité française et converti à l'islam radical, était l'auteur présumé d'un attentat à la grenade contre une épicerie casher de la région parisienne.
"Ces investigations ont permis de mettre au jour un réseau, je dirais quasiment une cellule", a expliqué François Molins.
L’opération d’envergure nationale s'inscrivait dans le cadre d'une enquête pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste" ouverte après le jet d'une grenade défensive de fabrication yougoslave dans une épicerie casher de Sarcelles (Val-d'Oise) le 19 septembre. L’attaque avait légèrement blessé une personne et suscité une vive émotion dans la communauté juive de cette commune populaire d'Ile-de-France.
L’un des auteurs présumés de l’attentat de Sarcelles tué
Lors de l'opération menée à Strasbourg, trois policiers ont été légèrement blessés, a-t-on indiqué de source judiciaire. Selon les premiers éléments de l'enquête, quand les forces de l’ordre sont entrées dans le domicile de M. Louis-Sidney, dans l'est de Strabourg, à 6h00 samedi matin, l'homme a tiré sur les policiers qui ont riposté et l'ont touché mortellement.
L'homme "était debout arme au poing, il a vidé son barillet" sur les policiers, a affirmé le procureur de Strasbourg, Patrick Poirret. Il semblait "très déterminé avec probablement la volonté de finir en martyr", a poursuivi le magistrat. Selon lui, Jérémie Louis-Sidney était la principale cible de la SDAT (Sous-direction antiterroriste) et de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur). C’est donc par lui que devait débuter les interpellations.
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Pascal Le Pautremat, historien spécialiste de l'islam
Dans l'opération, un policier de l'antigang de Strasbourg a reçu une balle au niveau de la tête et une autre au niveau du cœur, mais elles ont été arrêtées par son gilet pare-balles et son casque de protection. La compagne de l’homme abattu, qui était présente sur les lieux, a été interpellée.
Une enquête a été ouverte sur les conditions d’ouverture du feu sur Jérémie Louis-Sidney, a précisé Patrick Poirret.
Interpellation aux quatre coins de la France
Outre Jérémie Sidney, l'enquête a permis d'identifier d'autres personnes, domiciliées principalement à Paris, Strasbourg, en Seine-et-Marne et dans les Alpes-Maritimes, en particulier à Cannes.
"Toutes ces personnes, nées en France et de nationalité française, sont en lien avec la mouvance radicale islamiste" et ont été interpellées samedi, a déclaré le procureur de Paris.
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François Molins, Procureur de la République de Paris
Certains de ces individus, âgés entre 20 et 30 ans, se sont récemment convertis à l'islam. Mais rien ne laisse penser à ce stade que l'un d'entre eux auraient déjà combattu à l'étranger, de même que pour Jérémie Sidney. "Il appartenait à un groupe soupçonné, mais sans certitude, de vouloir rejoindre les terres du djihad", a ajouté François Molins.
Trois des personnes placées en garde à vue ont, comme lui, des casiers judiciaires pour faits de trafic de stupéfiants, de vol ou de violence, a précisé le procureur de Paris.
Des perquisitions ont permis la découverte d’éléments confirmant l’appartenance de certains membres du groupe à la mouvance djihadiste, dont un exemplaire d’une publication d’Al-Qaïda, plus de 27 000 euros en espèces, des munitions, une liste d’associations juives de la région parisienne, des testaments et du matériel informatique. Jérémie Sidney avait lui-même rédigé un testament.
L’État "déterminé à protéger les Français"
François Hollande a reçu samedi le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, pour discuter des opérations antiterroristes lancées samedi matin. Dans un communiqué de l'Élysée, François Hollande a affirmé, au cours de la journée, "la détermination entière de l'État à protéger les Français contre toutes formes de menaces terroristes". Il a également "salué l'action de la police", demandant au ministre de l’Intérieur de prendre toutes les mesures de vigilance nécessaires.
Manuel Valls a pour sa part souligné samedi soir sur TF1 la "difficulté" d'agir face à des "réseaux terroristes" qui sont "dans nos quartiers". "Il ne s'agit pas d'étrangers, il s'agit de Français convertis, de Français musulmans", a-t-il ajouté. Mais "ne confondons pas ces gens" avec la communauté musulmane de France, a-t-il averti.
(FRANCE 24 avec dépêches)