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Les Frères musulmans défient le pouvoir jordanien dans la rue

Malgré la dissolution du Parlement décidée par le roi Abdallah II, des milliers de Jordaniens ont répondu à l'appel lancé par les Frères musulmans en manifestant dans les rues d'Amman ce vendredi.

Répondant à l'appel des Frères musulmans, des milliers de Jordaniens ont manifesté, ce vendredi 5 octobre, à Amman, la capitale, pour réclamer des réformes de fond. Ce rassemblement intervient au lendemain de la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées par le roi Abdallah II.

Au moins 2 000 policiers ont été déployés dans le centre de la capitale en prévision de cette manifestation qui a commencé après la grande prière hebdomadaire musulmane de la mi-journée.

 "Une loi électorale démocratique, des changements dans la Constitution, des gouvernements élus, un pouvoir judiciaire indépendant, une Cour constitutionnelle, une lutte efficace contre la corruption et une non ingérence de la sécurité dans la vie politique", pouvait-on lire sur les banderolles déployées par les manifestants rassemblés devant la mosquée Al-Husseini. 

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"Les lois en vigueur favorisent une élite 100% jordanienne"
Les Frères musulmans défient le pouvoir jordanien dans la rue

"Cela fait 20 mois que nous manifestons et vous n'avez toujours pas compris nos demandes" ou "Arrêtez de nous voler", affichaient d'autres pancartes.

Petites mais régulières

Depuis janvier 2011, le royaume est touché par des manifestations, petites mais régulières, dans la foulée du "printemps arabe", appelant à des réformes politiques et économiques sans pour autant réclamer le départ du roi Abdallah II.

"Il y a la demande de réformes constitutionnelles mais aussi des lois électorales, jugées inéquitables par les Frères musulmans qui demandent une meilleure représentation de la population, analyse Gallagher Fenwick, envoyé spécial de FRANCE 24. Ils accusent les lois en vigueur de favoriser une élite 100 % jordanienne. Or, 80 % des Jordaniens sont d’origine palestinienne. Ils s’estiment très mal représentés au sein du Parlement".

Les Frères musulmans ont d'ores et déjà annoncé qu'ils boycotteraient le scrutin anticipé provoqué par la dissolution du Parlement jeudi. Abdallah II souhaite la tenue de ces élections avant la fin de l'année.

Manifestation rivale

Dans un communiqué, la police jordanienne a annoncé avoir empêché un groupe de jeunes d'attaquer les manifestants, après l'arrestation de huit personnes et la saisie d'armes à feu dans des bus se dirigeant vers le centre d'Amman.

Une manifestation rivale, en soutien au roi Abdallah II, initialement prévue au même endroit et à la même heure, a été reportée sine die, "pour empêcher d'éventuels troubles", avaient indiqué jeudi ses organisateurs.

La Constitution prévoit des élections tous les quatre ans, mais la Jordanie a organisé des élections anticipées, boycottées par les islamistes, en 2010 après la dissolution du Parlement par le roi.

Afin de convaincre les islamistes de participer au prochain scrutin, la loi électorale a été modifiée en juin pour augmenter le nombre de sièges attribués lors du scrutin de parti de 17 à 27. Mais en vain.

Selon cette loi, les votants devront choisir deux bulletins : un pour des candidats individuels dans leur gouvernorat et un pour les partis politiques ou les coalitions à l'échelle du pays.

FRANCE 24 avec dépêches