
Malgré le déploiement de la marine marocaine, le bateau de l'ONG néerlandaise "Women on Waves" a annoncé, jeudi, qu'il mouillait déjà dans les eaux marocaines.
Il s’est vu interdire l’accès au port. Le bateau de "Women on Waves", également appelé le "bateau pour l’avortement", s’est vu refuser l’entrée dans le port de Smir, dans le nord du Maroc, par la marine marocaine. Le bâtiment, affrété par une ONG néerlandaise, entend proposer aux sujettes du royaume chérifien des avortements médicamenteux, une pratique officiellement illégale dans le pays.
Malgré le déploiement des militaires, "Women on Waves" a annoncé ce jeudi 4 octobre dans l’après-midi que le navire se trouvait d’ores et déjà dans les eaux marocaines. D’après les journalistes présents sur place, il mouillerait à 20 mètres à peine de la terre ferme, à l’intérieur d’une marina.
"Le bateau est arrivé il y a quelques jours déjà, car ils ont su que les autorités allaient les empêcher et c'était le seul moyen de parvenir jusqu'aux côtes marocaines", a confirmé à l'AFP une députée néerlandaise, Liesbeth van Tongeren, présente sur place.
Le navire restera six jours au Maroc avec pour "objectif de réaliser des opérations d'avortement les plus sécurisées possibles", a précisé une militante de l'ONG néerlandaise arrivée par avion. Seule difficulté : il n’existe, pour l’heure, aucun moyen de descendre du bateau ou de monter à bord.
Un joli coup de com'
Un coup de communication cependant réussi. "Women on Waves" et l'association marocaine Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali) ont réussi à braquer les projecteurs sur la question de l'avortement au Maroc où, d'après l'ONG néerlandaise, 78 femmes meurent chaque année des suites d'un avortement clandestin. En vertu du droit néerlandais, "Women on Waves" fournit aux femmes des avortements médicaux légaux jusqu'à 6,5 semaines de grossesse, en naviguant dans les eaux internationales.
L’initiative a suscité une vive polémique au Maroc, où la majorité gouvernementale est islamiste. Les médias conservateurs et environ 200 membres de la jeunesse du Parti justice et développement ont ainsi manifesté, ce jeudi matin, à Smir pour "le droit à la vie".
"Ça n'est pas dans l'intérêt de la femme. C'est symbolique, mais je ne pense pas que ça soit la bonne approche", a pour sa part commenté auprès de l'AFP le président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (Amlac), Chafik Chraïbi.
C'est la première fois que l'ONG veut mener ce type d'action dans un pays musulman. Elle a déjà entrepris des actions similaires au large de l'Irlande, de la Pologne, du Portugal et de l'Espagne, qui ont à chaque fois entraîné des protestations de groupes opposés à l'avortement.
(France24 avec dépêches)