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Le vainqueur des législatives appelle Saakachvili à démissionner

Avant même la publication des résultats définitifs, le président Mikheïl Saakachvili (photo) a reconnu la défaite de son parti aux législatives. Le milliardaire Bidzina Ivanichvili, vainqueur du scrutin, a demandé à son adversaire de démissionner.

Dans un discours retransmis à la télévision, le président géorgien Mikheïl Saakachvili a reconnu mardi 2 octobre la défaite de son parti aux élections législatives, remportées contre toute attente par le Rêve géorgien, la coalition d'opposition du milliardaire Bidzina Ivanichvili. "Il est clair que le Rêve géorgien a remporté la majorité", a ainsi déclaré Mikheïl Saakachvili. "Cela veut dire que la majorité parlementaire doit former un nouveau gouvernement, et moi, en tant que président, conformément à la Constitution, je vais faciliter le processus de manière à ce que le nouveau gouvernement commence à travailler", a-t-il ajouté, avant même la publication des résultats définitifs du scrutin. Tandis que le leader de la coalition d'opposition vainqueur des législatives en Géorgie, le milliardaire Bidzina Ivanichvili, a appelé ce mardi le président Mikheïl Saakachvili à démissionner.

"Le peuple géorgien a gagné"

Ivanichvili, le milliardaire qui a réalisé son rêve

Fils de mineur devenu milliardaire, l'opposant et probable futur Premier ministre Bidzina Ivanichvili, 56 ans, qui a remporté les législatives en Géorgie, a mis sa fortune au service de ses ambitions politiques et bouleversé la donne politique dans ce petit pays du Caucase.

En moins d'un an, cet homme réservé et de petite corpulence est parvenu à fédérer derrière lui une opposition jusqu'alors très divisée et à la mener à la victoire: le président Mikheïl Saakchvili a reconnu mardi sa défaite aux législatives de la veille.

Marié et père de quatre enfants, M. Ivanichvili a bâti sa fortune en Russie dans le chaos des années 1990, qui a permis à certains de s'enrichir grâce aux privatisations de fleurons de l'époque soviétique, souvent réalisées dans des circonstances opaques. (AFP)

Un peu plus tôt, le parti présidentiel, le Mouvement national uni (MNU), avait assuré être en mesure de conserver la majorité à l'Assemblée, et les deux camps avaient revendiqué la victoire. Mais les premiers résultats partiels, publiés par la commission électorale après dépouillement dans 29,1 % des bureaux de vote pour les 77 sièges sur 150 répartis à la proportionnelle, montrent que le Rêve géorgien recueille 53,11 % des voix contre 41,57 % pour le parti de Mikheïl Saakachvili.
"Nous avons gagné ! Le peuple géorgien a gagné", a de son côté déclaré Bidzina Ivanichvili en proclamant sa victoire lundi 1er octobre au soir dans un discours retransmis par la chaîne de télévision d'opposition TV9.
Ses partisans ont manifesté leur joie tard dans la nuit dans la capitale Tbilissi, se rassemblant Place de la Liberté et faisant résonner des klaxons jusqu'au petit matin.
La participation a été de 61%, selon les chiffres officiels. Les législatives ont été un "pas important" pour la démocratie en dépit d'une campagne électorale tendue et du harcèlement présumé de militants, ont indiqué les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Deux objectifs majeurs : l’Otan et Moscou

La Géorgie entend adhérer à l'Otan et améliorer ses relations avec la Russie, a déclaré mardi le leader de l'opposition, le milliardaire Bidzina Ivanichvili. "Nous devons normaliser nos relations avec la Russie. Notre stratégie pour devenir membre de l'Otan reste inchangée", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Scandale des prisonniers torturés

Ces élections étaient cruciales pour le chef de l'État dans la mesure où des changements dans la Constitution vont accroître les pouvoirs du Parlement et du Premier ministre en 2013, année qui marquera en outre la fin du second et dernier mandat possible de Mikheïl Saakachvili.
Son arrivée au pouvoir en 2003, à la suite de la Révolution des roses, avait aussi été fondée sur la promesse de la démocratie, mise à mal par la suite par des accusations d'autoritarisme lancées par l'opposition.
Son rival, Bidzina Ivanichvili, a ainsi estimé que ces législatives permettraient un changement démocratique "pour la première fois" dans l'histoire du pays.
La lutte politique s'était renforcée ces dernières semaines avec la diffusion de vidéos de scènes de torture de détenus dans une prison de Tbilissi. Le pouvoir avait réagi en remplaçant tous les gardiens de prison par des policiers et en nommant un défenseur des droits de l'Homme à la tête des services pénitentiaires, tout en dénonçant une campagne de dénigrement. Mais le scandale avait donné lieu à des manifestations dans le pays, mettant le pouvoir dans une situation délicate.