logo

Google et Sony veulent convertir les Français à la "télé internet"

Le géant de l’Internet américain a lancé, jeudi, sa Google TV en France. Deux ans après l’échec de son offre de télé connectée aux États-Unis, Google espère que les consommateurs sont prêts à céder aux sirènes d'Internet sur la télévision.

Google est bien décidé à s’installer confortablement dans le salon des Français. En partenariat avec Sony, le géant américain de l’Internet a lancé, jeudi, sa Google TV sur le territoire français.

Après un parcours commercial plus que mitigé aux États-Unis depuis octobre 2010, le groupe tente donc l’aventure en Europe. Outre en France, son offre pour la télévision est également disponible depuis cet été en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, prochainement en Allemagne. Google et Sony espèrent que les consommateurs sont dorénavant plus ouverts aux promesses de la télé connectée (accès à toute une série de services en ligne depuis son téléviseur).

La Google TV "made in Sony" se présente sous forme d’un boîtier qui permet de se

connecter à Internet en wi-fi sur son téléviseur et de naviguer sur le Web, de télécharger des applications (telles que Twitter, YouTube et autres) comme sur un smartphone, ou encore de bénéficer des services de musique en ligne et de vidéo à la demande de Sony. Elle est disponible pour environ 200 euros.

Le géant américain et le constructeur japonais ont également fait des efforts pour s’adapter à la "French Touch". Ils ont ainsi conclu des partenariats avec des groupes de médias français tels que France Télévisions, FRANCE 24 ou encore le quotidien "20 minutes" qui proposent des applications de leurs émissions et services adaptés à la télévision.

Sur le papier, la promesse est alléchante. Mais en pratique, la Google TV souffre encore de limites qui pourraient freiner son adoption par le plus grand nombre. Ainsi, l’offre d’applications est loin d’être aussi pléthorique que sur les smartphones ou les tablettes. “Il y a un millier d’applications compatibles avec la Goole TV et une centaine spécialement adaptées pour la télévision”, a précisé Christian Witt, responsable Google TV en Europe lors d’une conférence de presse jeudi. 

L’âge des expérimentations

Le boîtier conçu par Sony fonctionne, en outre, sous Honeycomb, une version dépassée d’Android (le système d’exploitation de Google). De quoi refroidir les développeurs d'applications qui auraient pu être tentés par l’aventure de la télé connectée. Ils devront non seulement adapter les applications qui existent sur les téléphones à la taille d’un écran télé, mais reprogrammer ces mêmes applications pour une version d’Android qui n’est plus en vogue dans l’univers mobile. “Des mises à jour du système d’exploitation seront effectuées pour la Google TV”, assure Christian Witt, sans préciser à quelle échéance.

Des imperfections qui montrent surtout que la télé connectée n’en est encore qu’à l’âge des expérimentations. Lorsque Google avait lancé son service aux États-Unis, déjà avec Sony mais aussi avec Logitech, il s’était heurté à un double obstacle. D’un côté, trois des principaux réseaux audiovisuels américains n’avaient pas voulu travailler avec le géant de l’Internet craignant de voir ce dernier vampiriser les recettes publicitaires.

De l’autre, les consommateurs ne s’étaient pas rués sur cette innovation. Le constructeur américain de matériel informatique Logitech avait même dû cesser de vendre ses boîtiers Google TV. Un échec commercial qui était dû au fait que “les utilisateurs n’étaient pas encore prêts au mariage entre la télévision et Internet”, avait expliqué en novembre 2011 Guerrino De Luca, le directeur général de Logitech.

Mais l’important pour Google, comme pour d’autres constructeurs - tels Samsung ou LG qui proposent leurs propres services de télé connectée -, est d’être présent afin de ne pas rater le train lorsqu’il se mettra en marche. Si en 2011, en France, seuls 14 % des télévisions étaient connectées, selon le cabinet d’étude Gfk, ce chiffre devrait monter à 59 % dès 2014.

Pour les constructeurs, proposer des télés connectées doit inciter les consommateurs à renouveler leur matériel. Les Sony, Panasonic et autres estiment qu’en 2012 plus de 60 % des nouvelles télévisions achetées seront connectées. Pour Google, le principal écran du salon est surtout une nouvelle source potentielle de revenus publicitaires, grâce à ces services YouTube ou les publicités sur son moteur de recherche.