Ismail Hadji Adow, porte-parole de l’Union des tribunaux islamiques, reconnaît que les actes de piraterie perpétrés au large du pays sont l'œuvre de Somaliens. Il évoque aussi dans cet entretien la situation politique de la Somalie.
Plusieurs sources d’informations font état d’un retrait imminent des forces éthiopiennes du territoire somalien. Quelle est votre première réaction ?
Nous pensons que ces forces ne quitteront pas notre pays au prix de négociations, mais à coup d’armes. Mais, il se peut que les négociations facilitent un peu leur sortie. Nous, au fond, considérons qu’elles ont été vaincues par le peuple somalien.
Vous avez évoqué une éventuelle reprise des négociations avec le gouvernement somalien provisoire une fois les troupes éthiopiennes parties. Allez-vous vous en tenir à cela ? Qu’allez-vous proposer pour sortir de la crise ?
Nous ne reconnaissons aucun gouvernement. En Somalie, il y a un peuple qui lutte pour son indépendance et on ne voit aucun gouvernement avec lequel on peut éventuellement négocier. La preuve est que nous régnons sur tout le territoire, excepté les villes de Baidoa et Mogadiscio. Comment voulez-vous qu’on négocie avec un gouvernement qui ne contrôle rien sur le terrain. Le gouvernement de transition repartira, comme il est entré, c'est-à-dire sur les chars de l’armée éthiopienne car il a facilité l’entrée de cette dernière sur notre territoire.
Les Tribunaux islamiques sont soupçonnés de commettre des actes de piraterie au large de la Corne de l’Afrique ?
Le monde sait que nous avons mis fin à la piraterie et au vol depuis notre arrivée au pouvoir 2007. Ceux qui attaquent les bateaux sont de nationalité somalienne, mais j’ignore à quelle tribu ou à quel groupe religieux ils appartiennent.
Selon d’autres sources, les Tribunaux islamiques ne sont que le prolongement d’Al-Qaïda et de l’Erythrée dans la Corne de l’Afrique, que répondez-vous à cela ?
Non. Il n’y a aucun prolongement d’Al-Qaïda ni d’aucun autre groupe arabe ou islamique en Somalie. C’est notre peuple qui fait don de son argent et ses biens pour que nous puissions acheter des armes. En ce qui concerne l’Erythrée, il est vrai que ce pays nous soutient psychologiquement pour une raison simple : la Somalie a accueilli plusieurs de ses leaders lorsque le pays était occupé par l’armée éthiopienne.
Les Tribunaux islamiques sont affaiblis et de nouveaux courants politiques et miliaires sont apparus. Votre mouvement vit-il ses dernières heures ?
Il n’y a pas de divisions militaires, mais politiques. Certains leaders ont été entraînés sur des chemins sans issue. Nous organisons dans quelques jours un congrès entre toutes les factions à l’intérieur du pays. Nous élirons une nouvelle administration. Et si nous ne dévions pas de nos objectifs premiers, le peuple somalien trouvera bientôt une issue à la crise.