Le secrétaire d'État américain en visite au Japon va tenter de calmer les tensions sino-japonaises alimentées par la querelle autour des îles Diaoyu-Senkaku. Depuis dimanche, des milliers de rassemblements anti-nippons ont eu lieu en Chine.
Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a cherché ce lundi à calmer les tensions entre Pékin et Tokyo causées par un différend sur un petit archipel revendiqué par les deux pays. Arrivé la veille à Tokyo, Leon Panetta – qui doit rencontrer lundi le ministre des Affaires étrangères Koichiro Gemba et son homologue jamonais, Satoshi Morimoto - s'est en effet dit "préoccupé" de voir "des pays engagés dans des provocations diverses" qui pourraient "déboucher sur des violences et au bout du compte un conflit".
"Les manifestations anti-japonaises se propagent à une échelle jamais vue. Certaines se sont transformées en émeutes. Il est vraiment tout à fait regrettable que des entreprises japonaises aient souffert de dégâts significatifs", a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères, après sa rencontre avec Leon Panetta. "Je vais à nouveau demander au gouvernement chinois de prendre les mesures adéquates. J'espère que la loi et l'ordre seront respectés", a-t-il ajouté.
Manifestations anti-japonaises
Koichiro Gemba a dit au représentant américain que le Japon cherchait à contenir le différend qui l'oppose à Pékin à propos du petit archipel de mer de Chine orientale, appelé Senkaku par le Japon et Diaoyu par la Chine.
"Nous sommes d'accord pour que le Japon et les États-Unis coopèrent afin que les relations entre le Japon et la Chine ne soient pas durablement ternies", a ajouté le ministre.
itL'archipel source de ces tensions, et dont les fonds marins recèleraient du pétrole et du gaz, est également revendiqué par Taiwan.
La décision, la semaine dernière, du gouvernement japonais d'acheter ces îles à leur propriétaire privé, et donc de les nationaliser, a provoqué une réaction très vigoureuse de Pékin qui a envoyé plusieurs navires patrouiller pendant quelques heures sur les lieux pour marquer leur appartenance à la Chine.
Panasonic suspend sa production dans deux de ses usines chinoises
De nombreuses manifestations anti-japonaises ont eu lieu dans des villes chinoises, dont Pékin, poussant le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda à exiger des autorités chinoises qu'elle protège ses ressortissants. "Une peur s'est emparée de la population japonaise en Chine et les autorités consulaires nippones ont appelé leurs concitoyens à prendre leurs précautions", explique Baptiste Fallevoz, correspondant de FRANCE 24 à Pékin.
Dimanche, la police chinoise est intervenue à l'aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser des milliers de mécontents installés sur une grande avenue de Shenzhen, près de Hong Kong, où les manifestants s'en sont pris aux forces de l'ordre et à un magasin japonais. À Chengdu, dans le sud-ouest du pays, la police a chargé une foule d'environ 2 000 manifestants qui marchaient vers le consulat américain, afin que les États-Unis "écoutent [leurs] voix", selon certains participants.
Autre signe de ces tensions sino-japonaises, la société nippone Panasonic a dû suspendre la production de deux de ses usines en Chine et fermé provisoirement un troisième site, victimes de violences anti-japonaises et d’opérations de sabotage, a précisé un porte-parole de la société. Des violences similaires ont été enregistrées dans plusieurs autres usines japonaises du pays, a rapporté le groupe audiovisuel public nippon NHK.
Le voyage de Leon Panetta en Asie, avec des étapes notamment en Chine et Nouvelle-Zélande, ne prévoyait pas à l'origine une étape japonaise, ajoutée finalement au programme en raison des vives tensions avec Pékin.