Fillon et Copé, les deux principaux candidats à la présidence de l'UMP, se sont étonnés qu'une manifestation anti-américaine ait pu avoir lieu à proximité de l’Élysée, lieu ultra sécurisé. Le gouvernement s'est dit indigné par ces propos.
Les deux principaux candidats à la présidence de l'UMP, François Fillon et Jean-François Copé, se sont étonnés, dimanche soir, qu'une manifestation islamiste - qui avait rassemblé environ 250 militants intégristes présumés samedi - ait pu se tenir devant l'ambassade des États-Unis à Paris.
François Fillon s'est en effet interrogé sur les circonstances entourant ce rassemblement qui a eu lieu place de la Concorde, en plein cœur de la capitale, à proximité immédiate de l'Élysée et du ministère de l'Intérieur. Selon son entourage, il a demandé, lors d'une réunion de militants UMP "à François Hollande des explications sur le fait que le préfet de police de Paris ait toléré une manifestation de salafistes".
Son rival pour la présidence de l'UMP, Jean-François Copé, a pour sa part demandé sur TF1 "que toute la lumière soit faite sur les raisons qui peuvent expliquer qu'une telle manifestation non autorisée puisse se réaliser en plein Paris".
Le gouvernement "choqué" par les propos des deux ténors de l'UMP
Le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur se sont tous deux déclarés "choqué" par ces propos qu'ils assimilent à une récupération politique. Les accusations de François Fillon répondent à des "impératifs partisans [...] au moment où un esprit de rassemblement devrait s'imposer au sein de notre nation", a accusé Manuel Valls tout en défendant les forces de l'ordre.
"La manifestation était interdite et les policiers ont fait leur travail", a rétorqué Jean-Marc Ayrault à son prédecesseur à Matignon avant d'ajouter que "le gouvernement [avait] l'intention de faire preuve de fermeté" après cette manifestation.
Dans la foulée, les ministres de l'Économie et de l'Écologie, Pierre Moscovici et Delphine Batho, sont eux aussi montés au créneau. "Franchement, quand on a vécu - c'était il y a quelques mois en pleine campagne présidentielle - l'affaire Merah, on n'essaye pas d'exploiter un tel incident. Monsieur Fillon, là, non, ça ne va pas, il faut revenir à la dignité, il faut de la décence. Sur des sujets comme ça, il faut une union de tous les Français", a déclaré le ministre de l'Économie.
"Il y a les agissements d'un certain nombre de groupes fascistes, intégristes, qui n'ont rien à voir d'ailleurs ni avec l'islam ni avec nos compatriotes musulmans. Face à ça, tous les républicains, tous les démocrates, doivent soutenir le gouvernement dans son action plutôt que d'entretenir de vaines polémiques", a ajouté la ministre de l'Écologie.
Ouverture d'une enquête
Une enquête a été ouverte dimanche sur instruction du parquet de Paris à propos de ce rassemblement.
De source judiciaire, on a déclaré que cette enquête pour "manifestation sur la voie publique non autorisée" avait pour but d'identifier les organisateurs et les participants de cette manifestation qui a donné lieu à des incidents lors de sa dispersion.
Quelque 150 personnes ont été interpellées pour vérification d'identité, dont une a été placée en garde à vue pour violence sur agent de la force publique. Quatre policiers ont été légèrement blessés lors des incidents.
Le dispositif de sécurité a été renforcé dimanche devant l'ambassade des États-Unis et dans les rues adjacentes pour prévenir de nouvelles manifestations, a-t-on appris auprès de la préfecture de police.
Caricature de l'Islam
Plus tôt sur France 2, Manuel Valls avait déjà pris la parole pour dénoncer un rassemblement anti-républicain. "Je ne permettrai pas que des femmes voilées entièrement, que des prières de rue, que des slogans hostiles à des pays alliés à nos valeurs puissent se faire entendre dans nos rues", avait-il déclaré. "Ces quelques personnes caricaturent l'islam tel qu'il est pratiqué dans notre pays", avait ajouté le ministre.
Dans un communiqué, le Conseil français du Culte musulman (CFCM) a minimisé l'importance des incidents et réitéré sa "condamnation ferme et totale de toute action commise ou propos proféré par des personnes se réclamant de l'islam tout en bafouant délibérément ses valeurs et ses principes."
Il a souligné que, grâce à l'absence d'appels publics à manifester dans la communauté musulmane, "aucune atteinte significative à l'ordre public n'est à déplorer sur le territoire national."
"Dans le contexte actuel, toute manifestation dans l'espace public peut faire l'objet de manipulations ou d'une expression préjudiciables à l'image de l'islam et des musulmans, comme en témoignent les derniers événements internationaux ayant causé de nombreuses victimes innocentes."
(France 24 avec dépêches)