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Les Espagnols sont venus par milliers de tous le pays pour protester à Madrid contre la politique de rigueur menée par le gouvernement de Mariano Rajoy en vue d’éviter au pays, miné par chômage, un sauvetage financier.

Plusieurs milliers d’Espagnols ont défilé dans les rues de Madrid ce samedi 15 septembre pour protester contre le plan d’austérité du gouvernement de Mariano Rajoy. Cette mobilisation de grande ampleur survient au lendemain de l’annonce par ce dernier d’un nouveau plan de réformes économiques prévu pour la fin du mois de septembre. Enlisé dans la crise de la dette et miné par le chômage, l’Espagne risque, selon plusieurs spécialistes, de subir le même sort que la Grèce.

Venus de toutes les régions du pays et de toutes les professions, les manifestants se pressaient sur la Plaza de Colon, la grande place du centre de la capitale espagnole, sous le slogan "Ils veulent ruiner le pays, il faut l’empêcher !", inscrit sur une immense banderole rouge. Plusieurs dizaines de milliers d'entre eux sont descendus des bus arrivés de toutes les régions du pays, de Catalogne, d'Andalousie, ou du nord de l'Espagne, portant les drapeaux régionaux et les couleurs des deux grands syndicats, UGT et CCOO.

Les fonctionnaires de l’éducation et de la santé en pointe

"C’est une foule colorée qui gagne la Plaza de Colon, observe Adeline Percept correspondante de France 24 à Madrid. Chaque profession a décidé de se distinguer par une couleur : il y a beaucoup de vert, les fonctionnaires de l’éducation et de blanc pour ceux de la santé." Des personnes qui, comme elle le rappelle, "ont perdu 10 % à 15 % de leur salaire depuis le début des mesures d’austérité en 2010".

Ces professeurs, infirmières et autres personnels du corps enseignant et médical ont tenu à venir pour protester contre la hausse des impôts et la baisse des dépenses publiques en matière de santé et d'éducation.

Jorge, un médecin de Valence de 52 ans, affirme ainsi à un journaliste de Reuters gagner 30 % de moins en raison de l'austérité. Pour lui, ces mesures signifient "une baisse drastique de la qualité du service pour les patients".

Inquiétude chez les jeunes générations

Beaucoup de ceux qui se sont déplacés, parfois de très loin, ce samedi, disent être inquiets pour l’avenir de leurs enfants dans un pays qui vit sa deuxième récession en trois ans et où une personne sur quatre est sans emploi.

L'Espagne a déjà annoncé en juillet un plan de baisse des dépenses et de hausse des impôts représentant un effort budgétaire de 56 milliards d'euros. Factures de chauffages, notes de téléphone et autres dépenses de la vie quotidienne ont donc toutes connu une hausse depuis le début de septembre après l’augmentation de la TVA.

Madrid a en outre accepté une ligne de crédit de 100 milliards d'euros pour soutenir son secteur bancaire en difficulté et éviter un plan de sauvetage en bonne et due forme de la zone euro. Malgré tout cela, de nombreux économistes estiment que l'Espagne ne pourra atteindre ses objectifs de réduction des déficits pour 2012, et qu’une nouvelle demande d'aide de la part de l'Espagne n'est qu'une question de temps.

Une grogne croissante

"Le gouvernement a bien conscience que des sacrifices sont demandés aux Espagnols, mais ces sacrifices sont absolument inévitables", a pour sa part déclaré le ministre de l'Économie, Luis de Guindos, lors de la réunion des ministres des Finances de l'Union européenne, samedi, à Chypre.

Mais le mécontentement de la population risque bien de s’intensifier. Déjà, le gouvernement a sacrifié la prime de Noël des fonctionnaires, augmenté les impôts et la TVA, réduit les allocations chômage. L'objectif est de ramener le déficit public, qui a atteint 8,9 % du PIB en 2011, à 6,3 % cette année, 4,5 % en 2013 et 2,8 % en 2014.