logo

Pour Obama, Romney "tire d’abord et vise après"

Le président américain a infligé une petite leçon de politique étrangère à son adversaire républicain dans la course à la présidentielle, Mitt Romney, qui critiquait sa gestion des attaques contre des ambassades américaines en Égypte et en Libye.

Le bras de fer entre Barack Obama et Mitt Romney se durcit. Au lendemain de la mort de quatre Américains, dont l’ambassadeur Christopher Stevens, à Benghazi, en Libye, le président sortant a renvoyé dans ses cordes son adversaire républicain en l’accusant de "tirer d'abord et viser ensuite" en matière de politique étrangère. Une sortie qui suit les virulentes critiques de Mitt Romney à propos de la réaction des États-Unis face aux attaques des représentations diplomatiques américaines en Libye et en Égypte.

"Il y a une leçon à tirer de cette affaire : on dirait que le gouverneur Romney a tendance à tirer d'abord et viser ensuite, a déclaré Barack Obama dans un entretien à la chaîne CBS. En tant que président, l'une des choses que j'ai apprises est que l'on ne peut pas faire cela. Il est important de s'assurer que les déclarations que vous effectuez sont soutenues par les faits, et que vous avez pensé à toutes les conséquences avant de les prononcer."

Brisant l’union nationale habituellement observée lors de ce genre d’évènements, Mitt Romney a multiplié les attaques - attaques qualifiées de "politiciennes" par le camp démocrate. "C'est une honte que la première réaction de l'administration Obama ne soit pas de condamner les attaques contre nos missions diplomatiques mais d'exprimer sa compréhension envers les auteurs de ces attaques", a dénoncé le candidat républicain lors d'un déplacement en Floride.

Déclarations à l’emporte-pièce

Mitt Romney faisait notamment référence au communiqué publié à l'initiative de l'ambassade américaine au Caire dénonçant la diffusion sur Internet d'une vidéo jugée insultante pour le prophète Mahomet et l'islam. Ce long-métrage intitulé "Innocence of Muslims" ("L'Innocence des musulmans"), a provoqué, mardi, jour anniversaire des attentats du 11-Septembre, un déchaînement de violences contre des représentations diplomatiques américaines en Libye et en Égypte. Or, ce communiqué avait été publié plusieurs heures avant le début de la manifestation en Égypte dans le but apparent d'éviter toute violence.

"Nous sommes unanimes à condamner les attaques contre les ambassades et la mort de citoyens américains", a souligné Mitt Romney. "Mais il est également important, pour moi, [...] de dire qu'il y a eu des déclarations inopportunes, notamment un communiqué honteux de la part de notre gouvernement demandant pardon pour les valeurs de l'Amérique [...]. Ce n'est jamais la chose à faire, a-t-il accusé. La première réaction des États-Unis doit être l'indignation face aux atteintes à la souveraineté de notre nation."


Ces déclarations à l’emporte-pièce pourraient coûter cher à Mitt Romney. De nombreux diplomates ainsi que des personnalités républicaines ont pris leurs distances avec les déclarations du candidat conservateur, à commencer par son propre colistier.

"L’heure est à la guérison", a lancé Paul Ryan lors d’un déplacement dans le Wisconcin, rapporte le "Washington Post". "De telles tragédies nous rappellent que le monde a besoin du leadership américain et que la meilleur garantie de paix est la puissance américaine", a-t-il ajouté, sans faire référence au président Obama.

"Manque total d'envergure présidentielle"

Quant au sénateur républicain du Kentucky Mitch McConnell, d’ordinaire très critique envers la politique Obama, il s’est contenté d’appeler à la solidarité. "L’une des choses qui fait l’unanimité à Whashington, c’est que l’attaque perpétrée contre les États-Unis et ses représentants sera élucidée et que la présence américaine et la défense de nos intérêts nationaux à travers le monde ne sera pas amoindrie par des actes de violents extrémistes", a-t-il déclaré.

Le prétendant à la Maison Blanche n’a pas non plus été épargné par les médias. "Mitt Romney, qui veut faire croire aux Américains qu'il peut être président, a montré un manque total d'envergure présidentielle en utilisant le meurtre des Américains en Libye comme un moyen non seulement d'attaquer M. Obama, mais surtout de le faire d'une manière qui dénote une ignorance complète des faits ou une volonté de transformer la réalité pour répondre à des objectifs partisans", dénonce ainsi le "New York Times".

Alors que la campagne était jusqu'à présent largement dominée par les thèmes économiques, les violences anti-américaines en Libye et en Égypte ont donc désormais braqué les projecteurs sur la politique étrangère.