Un laboratoire américain estime avoir fait une avancée importante dans la recherche du mystérieux boson de Higgs. Cette particule, dont l'existence n'a jamais été prouvée, est au cœur de la physique des particules élémentaires.
AFP - La traque du boson de Higgs, clé manquante dans la théorie de la physique des particules élémentaires, qui n'a jamais pu être observé, avance aux Etats-Unis, ont annoncé vendredi des chercheurs, alors qu'une recherche similaire effectuée en Europe est en panne.
"La masse où pourrait se cacher le boson de Higgs continue à se réduire", a indiqué dans un communiqué le laboratoire Fermilab de Chicago (nord), où la recherche de la mystérieuse particule est effectuée par le plus grand accélérateur de particules actuellement en service dans le monde, le Tevatron.
"Les performances exceptionnelles des expériences réalisées (...) ont produit cet important résultat", a expliqué Dennis Kovar, directeur associé du bureau de la physique des hautes énergies au ministère américain de l'Energie.
Les deux expériences (CDF et DZero) menées au Fermilab en collaboration avec des chercheurs français du CNRS et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ont désormais exclu la possibilité que la masse du boson de Higgs soit située entre 160 et 170 Gev/c2 (giga électron-volt ou milliard d'électrons volt, divisé par le carré de la vitesse de la lumière).
Les derniers résultats ont accru la probabilité pour que le boson de Higgs "ait une masse comprise entre 114 et 160 Gev/c2", selon ces chercheurs.
Le Tevatron devrait être supplanté par un autre accélérateur de particules, le Grand collisionneur de hadrons (LHC) quand celui-ci sera remis en route à l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern) à Genève fin septembre.
Le LHC, dont l'une des principales missions est de démontrer l'existence ou la non-existence du boson de Higgs, a subi une importante panne peu après sa mise en route en septembre dernier.
Le boson de Higgs est une particule dont l'existence a été proposée en 1964 par les physiciens Robert Brout, François Englert et Peter Higgs.
Elle constitue le chaînon manquant dans la théorie "du modèle standard" de la physique des particules, car elle est censée expliquer l'origine de la masse de toutes les particules de l'univers.
Or, malgré ce rôle fondamental, le boson de Higgs reste insaisissable puisque aucune expérience à ce jour n'a permis de l'observer de façon indiscutable.
Toutes les particules de la matière, à l'exception du boson de Higgs, ont été observées directement ou indirectement, le dernier ayant été le quark top en mars 1995 grâce au Tevatron.
Il est également possible que le boson de Higgs n'existe pas, ce qui remettrait en question le modèle standard sur lequel repose toute la physique des particules sub-atomiques.
"Si tout le domaine de masse permis du boson de Higgs venait à être exclu, ce pourrait être une découverte encore plus importante que sa mise en évidence, puisque le modèle standard serait mis en défaut pour la première fois depuis sa formulation, il y a 40 ans", souligne le CNRS.