Une cour d'appel de Bahreïn a confirmé ce mardi les peines infligées à 13 militants de la contestation qui avait été violemment réprimée à Bahreïn au printemps 2011. Sept d’entre eux, tous chiites, écopent de la perpétuité.
AFP - Une cour d'appel de Bahreïn a maintenu mardi de lourdes peines pour 13 militants, dont des chefs de l'opposition ayant joué un rôle de premier plan dans le soulèvement de février-mars 2011, selon une source judiciaire.
Peu après l'annonce du verdict, des dizaines de jeunes gens ont mis le feu à des pneus à l'entrée de plusieurs villages chiites des environs de Manama en signe de protestation, ont indiqué des témoins.
Le tribunal a confirmé la prison à perpétuité pour sept opposants, tous chiites, dont le militant des droits de l'Homme Abdel Hadi al-Khawaja, et des peines de prison de 5 à 15 ans pour les autres inculpés, a précisé la source judiciaire.
Les 13 militants, détenus depuis un an et demi, n'ont pas comparu devant le tribunal, selon des avocats de la Défense. Ces derniers ont indiqué qu'ils effectueraient un pourvoi en cassation.
Les forces de sécurité étaient déployées en force autour du tribunal pour empêcher toute manifestation.
Le premier procès des opposants s'était déroulé en avril 2011 un mois après des manifestations de protestations de chiites, majoritaires à Bahreïn, qui demandent toujours une véritable monarchie constitutionnelle dans ce petit royaume du Golfe dirigé par une dynastie sunnite.
Parmi les personnes condamnées à la perpétuité figurent Hassan Mashaimaa, le chef du mouvement de l'opposition chiite Haq, Abdelwahab Hussein, chef du mouvement islamique chiite Wafa, et un autre militant membre du Haq, Abdeljalil al-Singace, qui souffre d'une paralysie des jambes.
Ibrahim Chérif, le chef sunnite du groupe Waëd, une formation de la gauche laïque, qui avait joué un rôle de premier plan dans le mouvement de protestation, est pour sa part condamné à cinq ans de prison.
Les treize militants, ainsi que huit autres opposants dont sept jugés par contumace, avaient été condamnés en juin 2011 par le tribunal d'exception pour complot contre le régime.
Le 30 avril 2012, la Cour de cassation a ordonné un nouveau procès en appel.
Les sept personnes jugées par contumace n'ont pas le droit de faire appel alors que l'opposant, Youssef Mohammed al-Samikh, condamné à deux ans de prison, a été libéré après que sa peine eût été réduite à six mois par la Cour de cassation.
Tous les appels d'organisations de défense des droits de l'Homme pour libérer M. Khawaja, également détenteur de la nationalité danoise et qui avait observé une grève de la faim, sont restés sans réponse.
Le verdict de la cour d'appel intervient alors que la condamnation d'un autre militant des droits de l'Homme, Nabil Rajab, à trois de prison a suscité des critiques des organisations de défense des droits de l'Homme et de pays occidentaux à l'égard du pouvoir bahreïni.
M. Rajab, qui dirige le "Bahrain Centre for Human Rights", a été condamné le 16 août à trois ans de prison ferme pour sa participation à des manifestations non autorisées.
L'impasse politique est totale à Bahreïn où la dynastie sunnite refuse toute concession de fond.