Le candidat républicain a promis, lors de son discours à la convention républicaine jeudi, "d’aider les Américains et leurs familles" en créant 12 millions d’emplois en quatre ans. Son plan pour y parvenir demeure, cependant, imprécis.
Des emplois, des emplois et... encore des emplois. Lors de son discours au dernier jour de la convention républicaine en Floride, le candidat Mitt Romney a assuré qu’il créera 12 millions d’emplois en quatre ans s’il est élu président des États-Unis en novembre prochain. Un chiffre qui a dû mettre du baume au cœur des quelque 12,8 millions de chômeurs que compte actuellement le pays d’après le bureau américain des statistiques du travail.
Cette affirmation était aussi une manière pour le prétendant à la présidence des États-Unis de dénoncer le bilan de Barack Obama en matière d’économie. L’actuel locataire de la Maison Blanche “a promis de freiner la montée des océans et de guérir la planète. Ma promesse (...) est de vous aider, vous, et votre famille”, a martelé Mitt Romney sur la scène de la convention républicaine.
Plan de bataille
Ces Américains et leurs familles durement frappés par la crise n’ont, en revanche, pas
entendu le détail de l’effort que veut déployer le héraut de la droite américaine, contre le chômage. Car la promesse de créer 12 millions d’emplois en quatre ans peut sembler astronomique. Seul Ronald Reagan et Bill Clinton ont réussi cet exploit et dans des périodes de forte croissance qui n’avaient rien à voir avec la lente reprise de l’économie américaine actuellement. Pour y parvenir, une éventuelle administration Romney devrait créer 250 000 emplois par mois, “alors qu’il n’y a eu que 150 000 nouveaux emplois par mois dernièrement”, rappelle ce vendredi le "Washington Post".
Afin d’accélérer ce mouvement, le candidat républicain a bien évoqué un “plan en plusieurs points” qui se réfère, en fait, à un document de 8 pages publié début août par l’équipe de campagne du candidat et qui s’appelle “Le programme de Mitt Romney pour un retour de la croissance et pour l’emploi”. Ce texte prévoit, en fait, trois chantiers principaux pour réduire le chômage.
L’indépendance énergétique. “En produisant plus d’énergie aux États-Unis, ce sont des régions entières actuellement en crise qui pourraient retrouver une activité”, peut-on lire sur le site de campagne de Mitt Romney. En clair, mettre l’accent sur la production de gaz ou de pétrole redonnerait une raison aux Américains de s’installer dans des régions actuellement en crise et y développer tout un tissu économique (commerce, recherche & developpement, etc.) créateur d’emplois.
“En l’absence de données précises sur les effets présumés d’une telle orientation sur l’économie locale, cette proposition relève davantage du vœux pieux qu’autre chose”, nuance le quinzomadaire économique américain "Forbes". Surtout, souligne le site, le secteur de l’énergie n’apparait pas dans les 10 principaux creusets de création d’emplois des prévisions du ministère américain du Travail. En faire l’une des armes principales dans la lutte contre le chômage nécessiterait des investissements publics colossaux, alors que les conservateurs tiennent par dessus tout à réduire les coûts.
Baisse des taxes. C’est la vieille rengaine des républicains. Mitt Romney ne déroge pas à la liturgie économique des conservateurs américains : il faut baisser les impôts... surtout pour les plus riches. Ansi, selon le candidat, ces derniers seraient enclins à investir dans des nouvelles entreprises qui pourraient donc recruter davantage. Une imposition plus douce “pour les investisseurs” serait d’autant plus efficace si elle s’accompagne d’un “allégement de la réglementation sur le marché du travail”, soutient le document qui détaille le plan d’attaque de Mitt Romney.
Mais cette croyance dans les vertus des baisses d’impôts “ne résistent pas à l’analyse des précédents historiques aux États-Unis”, rappelle dans le quotidien américain "Fiscal Times" Bruce Bartlett qui a pourtant été conseiller économique du président républicain Ronald Reagan. “L’augmentation des taxes sur les plus riches sous Bill Clinton, en 1993, n’a pas empêché le chômage de chuter davantage que durant la présidence de George W. Bush qui avait décidé de baisser les impôts”, rappelle-t-il.
Plus d’accords de libre-échange. Mitt Romney prône davantage de traités de libre-échange comme ceux qui ont été signés par les présidents conservateurs Ronald Reagan (1981-1989) et George W. Bush (2001-2009). Le candidat républicain affirme que ces accords bilateraux, notamment avec des pays d’Amérique du Sud, ont permis à l’économie américaine de créer 5,4 millions d’emplois depuis les années 80.
Si cette politique a, en effet, permis de voir un grand nombre de nouveaux emplois dans des industries de pointe où les États-Unis sont très compétitifs, sur la même période 7 millions d’emplois ont été détruits dans l’industrie manufacturière. Ce que Mitt Romney ne rappelle pas”, souligne "Forbes".
Optimiste
Mais peut-être que Mitt Romney ne fait que reprendre à son compte une note d'analyse de l'agence de notation Moody's, datant de début août. Ce document prévoit, en effet, que d’ici 2016, l’économie américaine crééra précisement 12 millions d’emplois... quel que soit le président en poste.
Moody’s juge que sans rien faire, ou presque, le rythme de création d’emplois va mécaniquement s’accélerer afin de revenir à un niveau proche d’avant la crise. Il s’agirait d’un effet naturel de rebond. C’est d’ailleurs ce que le candidat Mitt Romney avait déclaré dans un entretien accordé, le 5 août, à la chaîne d’information CNN. “Il doit y avoir naturellement une forte création d’emplois lorsque l’on sort d’une crise comme celle que nous avons connue”, avait-il alors assuré.
Le candidat républicain a simplement oublié le bémol que Moody’s a émis à son hypothèse optimiste : ce scénario ne tient pas la route si une nouvelle récession venait à frapper à la porte des États-Unis.