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Commémoration du 15 août 1945 : Tokyo provoque la colère de Séoul et Pékin

À l'occasion du 67e anniversaire de la capitulation du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux ministres nippons se sont rendus au sanctuaire de Yasukuni, à Tokyo, considéré en Asie comme le symbole du passé militariste japonais.

AFP - Deux ministres nippons se sont rendus mercredi au sanctuaire controversé de Yasukuni à Tokyo pour le 67e anniversaire de la capitulation du Japon, provoquant la fureur de la Corée du Sud et de la Chine.

Jin Matsubara, chargé notamment de la sécurité publique, et Yuichiro Hata, ministre des Transports, ont visité ce sanctuaire shintoïste honorant les soldats morts pour la patrie. Vénéré dans les milieux nationalistes japonais, il est considéré en Asie comme le symbole du passé militariste nippon.

La réputation sulfureuse de Yasukuni tient surtout au fait que les noms de 14 criminels de guerre, condamnés par les Alliés à la fin de la Seconde guerre mondiale, y ont été secrètement ajoutés en 1978 à ceux des 2,5 millions de soldats tombés pour le Japon.

La réaction très virulente de la Chine ne s'est pas faite attendre: le Japon devrait "respecter les victimes" dans les pays qui ont subi "l'agression impériale" japonaise, a affirmé le ministère des Affaires étrangères.

"Le problème fondamental posé par ce sanctuaire de guerre est de savoir si le Japon sera capable d'affronter comme il le faudrait l'histoire de son agression impériale et de respecter les sentiments des victimes dans les pays d'Asie parmi lesquels la Chine", poursuit le communiqué selon lequel Pékin souhaite des "mesures concrètes" du Japon "afin de préserver les relations sino-japonaises".

C'est la première visite de ministres à Yasukuni depuis l'arrivée au pouvoir en 2009 du Parti Démocrate du Japon (centre-gauche), alors qu'il s'agissait d'une tradition bien ancrée sous la droite, notamment sous le Premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006).

Si la date du 15 août correspond côté japonais à la capitulation face aux Etats-Unis en 1945, côté coréen elle marque le jour de la Libération après 35 ans d'occupation nippone. Séoul avait d'ailleurs fermement appelé mardi MM. Matsubara et Hata à renoncer à leur projet.

Au cours d'une prière dans un autre mémorial de Tokyo, le premier ministre Yoshihiko Noda a déclaré que le Japon avait "infligé des dommages et des souffrances importantes à de nombreux pays, notamment aux peuples d'Asie". "Nous le regrettons profondément", a-t-il ajouté.

L'épisode de Yasukuni intervient dans une période où les tensions entre le Japon et ses voisins sud-coréens et chinois sont montées en raison de différends territoriaux, à quelques mois d'élections ou de changements d'équipe dirigeante dans les trois pays.

Le président sud-coréen Lee Myung-bak s'est rendu la semaine dernière sur des îles de la mer du Japon revendiquées par les deux pays, appelées Dokdo par les Sud-Coréens, Takeshima par les Japonais. Tokyo a rappelé son ambassadeur à Séoul, convoqué l'émissaire sud-coréen et envisage de suspendre les rencontres bilatérales à haut niveau.

M. Lee s'est de nouveau montré ferme mardi, déclarant que l'empereur Akihito ne pourrait venir en Corée du Sud que s'il s'excusait pour les atrocités passées, une demande jugée "extrêmement regrettable" par M. Noda.

En 1990, Akihito a exprimé "ses profonds regrets" pour les souffrances du peuple coréen pendant la colonisation.

Et mercredi, M. Lee a remis sur le tapis le dossier des Coréennes forcées de se prostituer pour les soldats japonais d'occupation.

Pour Tokyo, le contentieux a été réglé par le traité nippo-coréen de 1965, par lequel il a octroyé une aide économique massive à la Corée du Sud en échange du renoncement à toute demande de réparation liée à la colonisation.

Le Japon a également un différend avec la Chine à propos d'îles de mer de Chine orientale, appelées Senkaku à Tokyo et Diaoyu à Pékin.

Ces îlots inhabités, dont les fonds marins environnants pourraient renfermer des hydrocarbures, sont administrés par le Japon mais revendiqués par la Chine ainsi que par Taïwan.

Les garde-côtes nippons ont repoussé mercredi avec des canons à eau des nationalistes chinois partis en bateau de Hong Kong et Macao et qui se sont approchés à 15 milles marins de ces îles, a indiqué à l'AFP le chef de l'expédition.