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Lagarde critique le FMI et le plan de relance américain

La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, fustige le plan de relance américain qu'elle juge inefficace à la lumière des réactions mitigées des marchés. Selon elle, le Fonds monétaire international serait, par ailleurs, trop pessimiste.

Reuters - La ministre française de l'Economie Christine Lagarde critique le pessimisme du Fonds monétaire international (FMI) et le côté inachevé du plan de relance américain avant le G20 de Londres.

Dans une interview aux Echos, à paraître vendredi, elle "juge impératif" que les Américains remettent leur système bancaire en "ordre de marche."

"Les annonces successives du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, ont pu donner aux marchés un sentiment impressionniste. S'ils réagissent mal, c'est peut-être qu'ils sentent le côté inachevé de ces plans", dit-elle.

Malgré les appels des États-Unis en faveur de nouvelles mesures de soutien à l'économie, Christine Lagarde estime que la priorité est de "mettre en oeuvre sur le terrain et le plus rapidement possible" les dépenses décidées par les mouvernements européens.

Affirmant ne pas être convaincue qu'il y aura une récession mondiale en 2009, elle juge "un peu inquiétant" d'entendre des voix outre-Atlantique "dire que l'économie ne repartira certainement pas l'année prochaine."

"Les Etats-Unis donnent le sentiment qu'ils ne croient pas eux-mêmes à leur plan de relance", dit-elle.

Priée de dire si elle est plutôt sur la ligne de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, ou de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, elle répond : "Je suis plutôt de l'avis de Jean-Claude Trichet. Nous tablons sur une reprise courant 2010."

"Quand on regarde les prévisions du Fonds, il ne tient pas compte de toutes les composantes des plans de relance. Pour la France, par exemple, il a oublié les investissements supplémentaires des entreprises publiques", dit-elle.

"Les efforts européens sont très importants", insiste Christine Lagarde. "Ils représentent 400 milliards d'euros, soit 3,3 points de PIB en additionnant l'effet des stabilisateurs automatiques qui jouent un rôle clef au travers notamment des prestations sociales et la relance massive des investissements."



Les ministres des Finances du G20 se retrouvent vendredi et samedi dans la capitale britannique pour préparer le sommet du mois prochain.

Christine Lagarde souligne que pour la plupart des pays de l'Europe continentale, l'urgence est "l'élaboration de règles, le rappel de la discipline et les éventuelles sanctions à travers une nouvelle architecture du système financier."

Sur la lutte contre les paradis fiscaux, qui figurera en tête des prorités à Londres, Christine Lagarde estime que "le contexte international est très favorable au principe de transparence."

"S'il n'y a pas de volonté de coopérer, nous demanderons à nos banques de communiquer les informations sur leurs transactions avec ces pays. Nous pourrons également dénoncer les conventions bilatérales", déclare-t-elle.

Sur la réforme des normes comptables, "il faut revenir partiellement au système de comptabilité historique, par l'opposition la 'full fair value' - ou valorisation à la valeur de marché - qui a amplifié la dégradation des résultats."

Christine Lagarde précise cependant qu'elle n'est pas très optimiste sur la question de passer outre les réserves de l'IASB, l'organisme qui fixe les nouvelles normes comptables.

Pour relancer la titrisation du crédit, elle plaide notamment pour que les banques conservent une partie, 5% par exemple, les encours de crédit qu'elles titrisent.

Concernant les rumeurs sur le départ imminent de son directeur de cabinet, Stéphane Richard, Christine Lagarde assure qu'elles sont infondées. "pour les mois qui viennent, il reste à mes côtés", dit-elle.