
Six terroristes - neuf, selon une source FRANCE 24 - ont été arrêtés dans le Sinaï, a annoncé vendredi l'armée égyptienne. Celle-ci s'est déployée dans la région, avec l'accord d'Israël, après le meurtre de 16 garde-frontières dimanche.
AFP - L'Egypte a envoyé vendredi de nouveaux renforts militaires dans le Sinaï après l'attaque attribuée à des islamistes qui a tué 16 gardes-frontière dimanche dernier, mais des résidents doutaient de la réalité des "succès" revendiqués par l'armée.
Le président Mohamed Morsi s'est rendu pour la deuxième fois en quelques jours dans la péninsule pour passer en revue les opérations et a insisté sur "la nécessité de venger les martyrs", d'après la télévision d'Etat.
Une source militaire, citée par l'agence officielle Mena, a rapporté que "six éléments terroristes" avaient été appréhendés "lors de patrouilles conjointes (de l'armée et) de la police dans le cadre de la poursuite des descentes contre les foyers de criminels dans le gouvernorat du Nord-Sinaï".
Une source de sécurité a de son côté affirmé à l'AFP que les six hommes, arrêtés tôt vendredi, étaient connus pour être des fondamentalistes et étaient soupçonnés d'appartenir à un groupe jihadiste.
Mais dans leur petite ville de Cheikh Zouayyed, les familles, d'après qui neuf personnes ont été interpellées, niaient avec véhémence qu'il s'agisse de terroristes.
L'un d'eux, Eid Saïd Salama, a 72 ans et était en train de donner à manger à sa chèvre lorsqu'il a été arrêté, a affirmé à l'AFP son épouse.
Chez un autre suspect, Selmi Salama Soueilam, 68 ans, le contenu des armoires a été jeté par terre et du blé jonchait le sol, selon un journaliste de l'AFP.
"Ils sont entrés là où il dormait et l'ont arrêté alors qu'il était nu", a raconté la femme de M. Soueilam, en affirmant que les forces de l'ordre s'étaient aussi emparées de 45.000 livres égyptiennes (6.000 euros environ).
Les gens arrêtés "sont simplement religieux. Comme du temps de Moubarak, (les autorités) ont besoin de faire du chiffre, alors elles les arrêtent", a accusé cheikh Youssef, un proche de l'un des hommes arrêtés.
Une lourde répression s'était abattue sur certains clans bédouins après la vague d'attentats sanglants perpétrés entre 2004 et 2006 contre des stations balnéaires de la mer Rouge, augmentant la défiance et parfois l'hostilité des résidents de la péninsule envers les autorités du Caire.
L'armée égyptienne --faiblement présente dans le Sinaï conformément aux accords de paix avec Israël prévoyant la démilitarisation de ce secteur-- s'y est déployée ces derniers jours avec l'accord de l'Etat hébreu pour lutter contre les groupes extrémistes, après l'attaque qui a tué 16 gardes-frontière égyptiens dimanche.
"Nettoyer le Sinaï"
Les opérations "se poursuivront dans les jours à venir, jusqu'à finir de nettoyer le Sinaï du terrorisme et des hors-la-loi", a dit une source de sécurité citée par Mena, en assurant que les campagnes des deux derniers jours avec des frappes contre des "foyers de criminels" étaient "un succès".
Un responsable militaire avait affirmé que 20 activistes avaient été tués dans des frappes menées mercredi à l'aube par des hélicoptères de l'armée dans le village de Toumah.
Mais interrogés par l'AFP, plusieurs résidents de Toumah, où aucune présence militaire n'était visible vendredi, ont démenti cette version.
"Nous n'avons rien vu. Il y avait 45 blindés et véhicules de la police et deux hélicoptères avec eux, ils ont tiré deux roquettes mais elles n'ont rien touché", a ainsi affirmé Abou Mohammed.
Le président Morsi s'est rendu vendredi à al-Massoura, près de Rafah, où l'attaque de dimanche s'est produite, sous très haute protection selon un journaliste de l'AFP. Tandis qu'il rompait le jeûne du ramadan avec des soldats, des camions transportant des chars se dirigeaient vers la frontière.
Selon une source de sécurité, une quarantaine de chars ont été envoyés dans le Sinaï vendredi, ainsi que des soldats.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, malgré la présence sécuritaire, des inconnus ont tiré sur un barrage près de la ville d'Al-Arich, sans faire de blessés, selon une autre source de sécurité.
Des chefs de tribus bédouines ont promis leur aide aux autorités lors d'une réunion jeudi soir avec le ministre de l'Intérieur à Al-Arich, mais ils ont aussi demandé à voir les corps des 20 activistes qui auraient été tués.
L'Egypte a par ailleurs décidé de rouvrir dans un seul sens le terminal de Rafah, fermé après l'attaque, pour permettre aux Palestiniens se trouvant sur son territoire de regagner Gaza.