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La Belgique, le Liechtenstein et Andorre prêts à lâcher du lest

Soucieux de ne pas passer pour les moutons noirs du système financier international lors du prochain sommet du G20, le Liechtenstein, la Belgique et Andorre se disent prêts à réviser leurs lois sur le secret bancaire.

AFP - Plusieurs pays européens, la Belgique, le Liechtenstein et Andorre, ont annoncé jeudi coup sur coup un assouplissement du secret bancaire dans l'espoir d'échapper aux foudres du sommet du G20 qui entend intensifier la lutte contre les paradis fiscaux.

La Belgique, un des trois pays de l'Union européenne à conserver encore cette pratique avec le Luxembourg et l'Autriche, va supprimer son secret bancaire dès l'an prochain avec les autres pays de l'Union européenne, puis le fera progressivement ensuite avec le reste du monde, a annoncé devant le Parlement national belge le ministre des Finances, Didier Reynders.

"Nous allons passer dès l'année prochaine à l'échange d'informations pour tout ce qui concerne la fiscalité de l'épargne, dans le cadre de la directive européenne sur l'imposition", a expliqué le ministre, en réponse à des questions de parlementaires.

Didier Reynders a précisé que l'échange d'informations en matière fiscale serait ensuite progressivement étendu aux pays non-européens, à l'occasion de la renégociation d'accords bilatéraux pour éviter la double imposition.

"Nous avons commencé avec les Etats-Unis, nous avons déjà un texte qui prévoit la transparence, et nous allons systématiquement continuer dans cette voie de l'échange d'informations", a expliqué M. Reynders, sans donner de calendrier.

"J'ai bon espoir que nous ne soyons pas sur une quelconque liste de paradis fiscaux", a ajouté le ministre des Finances, en indiquant avoir informé "hier" (mercredi) l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) des intentions du gouvernement belge.

Le Liechtenstein et Andorre, qui figurent sur la liste noire de l'OCDE des pays non-coopératifs en matière de fiscalité, ont décidé en parallèle jeudi de faire un geste.

Le Premier ministre libéral andorran, Albert Pintat, s'est engagé à faire approuver d'ici à novembre un projet de loi qui lève le secret bancaire dans le cadre d'accords bilatéraux d'échange d'informations fiscales avec d'autres Etats.

De son côté, la Principauté du Liechtenstein, qui fut au coeur d'un scandale financier avec l'Allemagne il y a un an, a annoncé son intention de revoir en profondeur son secret bancaire.

"Le temps est venu d'adapter notre système d'entraide judiciaire et administrative dans le domaine de la fiscalité à de nouvelles" données, a expliqué le chef d'Etat du Liechtenstein, le prince Alois von und zu Liechtenstein, à Vaduz.

Ces trois pays ont clairement agi pour éviter de se retrouver sur le banc des accusés au sommet des grandes puissances du G20 à Londres le 2 avril, qui doit renforcer la transparence du secteur financier, à la lumière de la crise actuelle, et s'attaquer tout particulièrement aux paradis fiscaux.

L'OCDE vient de communiquer aux pays du G20 une liste provisoire sur les pays non-coopératifs en matière d'échange d'informations fiscales, sur laquelle figurent ces trois pays, ainsi que le Luxembourg, la Belgique et l'Autriche, selon des informations de presse.

Après les annonces de jeudi, le Luxembourg, l'Autriche, mais aussi la Suisse, se retrouvent sous une pression particulièrement forte pour abolir également leur secret bancaire.

Toutefois, pour le moment, ces trois pays, qui se sont réunis dimanche dernier pour créer un front commun du refus, n'entendent pas renoncer au secret bancaire, au nom de la protection de la "sphère privée" des citoyens.

"Le secret bancaire n'est pas synonyme de paradis fiscal", a déclaré jeudi le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker à Prague.