![Gérard Araud : "Sur le plan politique, le Conseil de sécurité ne peut rien faire en Syrie" Gérard Araud : "Sur le plan politique, le Conseil de sécurité ne peut rien faire en Syrie"](/data/posts/2022/07/17/1658063533_Gerard-Araud-Sur-le-plan-politique-le-Conseil-de-securite-ne-peut-rien-faire-en-Syrie.jpg)
Alors que la France assure la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU depuis le 1er août, Gérard Araud, l’ambassadeur français, revient sur des conflits qui préoccupent la communauté internationale, au cours d'une interview accordée à FRANCE 24.
Paris assure du 1er au 31 août la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'ONU. Gérard Araud, ambassadeur permanent de la France aux Nations unies depuis 2009, livre à FRANCE 24 son analyse des points chauds qui seront à l’ordre du jour au Conseil dans les mois à venir.
En Syrie, Paris veut explorer la voix humanitaire
La situation en Syrie, où les violences durent depuis 17 mois, arrive en première position des priorités d’action pour Paris, qui doit prochainement convoquer une réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel. Jusqu’à présent, le Conseil de sécurité a échoué à adopter une résolution concernant la Syrie, la Russie et la Chine s’y étant opposés par trois fois. "Trois veto !", s’est indigné le président du Conseil de sécurité. "On n'avait pas vu cela depuis la guerre froide !", ajoute-t-il. Pour lui, "Russes et Chinois ont montré leur volonté de soutenir le régime de Bachar al-Assad jusqu’au bout." Au vu de l’impasse diplomatique, Gérard Araud estime que "d’un point de vue politique, le Conseil de sécurité ne peut rien faire. On est en présence d’un différent politique majeur".
En revanche, la France espère pouvoir agir sur un autre terrain, celui de l’humanitaire. "Trois millions de Syriens n’ont aujourd’hui pas accès à l’eau, aux médicaments, à la nourriture et les ONG ne peuvent pas entrer en Syrie", déplore-t-il. "Je pense que l’on peut convaincre la Russie et la Chine de ne pas s’opposer à une résolution exigeant de du régime de Damas qu’il accepte l’envoi d’aide humanitaire", estime M. Araud.
Alors que Kofi Annan a justifié sa démission notamment en raison de la militarisation du conflit, Gérard Araud relativise cette vision. "On entend beaucoup cela, que les pays du Golfe armeraient les rebelles, mais il n’y a pas eu de militarisation du conflit en Syrie", soutient-il. "Jusqu’à maintenant, la rébellion ne dispose que d’armes légères", poursuit-il. Et de remarquer : "Ce n’est que la semaine dernière que les rebelles ont commencé à détruire des chars et on n’a vu aucun avion ou hélicoptère détruit". Ce qui fait dire au diplomate que "s’il y a eu livraison d’armes des pays du Golfe, cela n’a pas été très efficace".
Pour résumer, à l’heure actuelle, la priorité pour Paris est d’acheminer de l’aide humanitaire et de continuer à œuvrer pour faire cesser les combats. "Plus on attend, plus l’opposition se radicalise", déplore Gérard Araud. "On sait qu’il y a des combattants jihadistes en Syrie et qu’Al-Qaïda est entré dans le pays. Ce n’était pas le cas il y a six mois", explique-t-il encore.
Une intervention militaire du Mali et des Forces africaines est inévitable contre Al-Qaïda
Concernant la crise au Mali, où les islamistes armés contrôlent la région nord depuis quatre mois, Gérard Araud, estime que "le chemin du nord passe par Bamako". Ainsi, il s’agit selon lui, en premier lieu, "de renforcer les institutions légitimes du Mali et l’armée malienne". "Il faudra à un moment ou à un autre intervenir militairement car l’adversaire c’est Al-Qaïda [au Maghreb islamique], et on ne négocie pas avec ces gens là", analyse l’ambassadeur français à l’ONU. Mais pour lui, une éventuelle intervention armée doit être le fait "de l’armée malienne, soutenue par les forces africaines".
Violences en RD Congo
Gérard Araud a enfin abordé la question des violences en RD Congo. Depuis trois mois, la région du Nord-Kivu est le théâtre de combats entre l’armée et les rebelles du M23. Il a souligné la "détermination de l’ONU à faire de son mieux pour protéger les civils", rappelant que les forces des Nations unies se sont déjà "interposées pour stopper l’avancée des rebelles vers Goma", ville d’environ 1,5 million d’habitants. Pour lui, "la vraie solution serait un accord entre la République démocratique du Congo et le Rwanda", soutien des rebelles du M23.