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Les rebelles syriens tentent de s'emparer de la télévision d'État à Alep

Après avoir pris le contrôle de plusieurs commissariats d'Alep, les insurgés se sont lancés, samedi, à l'assaut du bâtiment de la télévision d'État. Bombardés par l'armée, ils ont rebroussé chemin.

AFP - De violents combats faisaient rage samedi à Alep, capitale économique de la Syrie, où des insurgés ont tenté de s'emparer du bâtiment de la télévision d'Etat avant d'être repoussés, au lendemain d'un vote de l'ONU déplorant l'impuissance de la diplomatie pour arrêter ce conflit.

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi à une large majorité une résolution non contraignante déplorant notamment l'impuissance du Conseil de sécurité sur le dossier syrien, dans une critique implicite envers Moscou et Pékin qui y ont bloqué tous les projets de résolution condamnant le régime de Bachar al-Assad.

L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, dont le pays est le plus fidèle soutien de Damas avec l'Iran et la Chine, a répondu en affirmant que cette résolution à l'Assemblée apportait un "soutien flagrant" à l'opposition armée.

"Derrière la façade de la rhétorique humanitaire se cache un soutien flagrant à l'opposition armée syrienne" de la part de pays "qui arment et financent" cette opposition et lui fournissent des "mercenaires", a-t-il dit dans une allusion au pays du Golfe et notamment à l'Arabie saoudite à l'origine de cette résolution soutenue par les Etats-Unis et les Européens.

Face à l'échec de la diplomatie ayant conduit le médiateur Kofi Annan à jeter l'éponge et le chef de l'ONU Ban Ki-moon à qualifier le conflit de "guerre par procuration", Paris veut profiter ce mois-ci de sa présidence du Conseil de sécurité pour concentrer les efforts internationaux sur l'aide humanitaire, a affirmé l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, en mettant en garde Moscou contre un "désastre final".

Un bilan de plus en plus lourd

Juillet a été le mois le plus sanglant depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"En juillet, au moins 4.239 personnes ont été tuées dans le pays", selon lui. Parmi elles, figurent 3.001 civils (dont ceux qui ont pris les armes), ainsi que 1.133 soldats et 105 déserteurs.

Au total, depuis le début du conflit, au moins 21.053 personnes ont péri dont 14.710 civils sans armes ou armés, 5.363 soldats et 980 déserteurs.

"Le nombre total n'inclut pas les milliers de détenus dont le sort est inconnu, ni ceux qui sont morts mais dont l'identité n'a pas pu être clarifiée", selon M. Abdel Rahmane.

Source : AFP

"Progresser d'un point de vue politique, je dois avouer que ce sera difficile", a-t-il dit, ajoutant que des choses pouvaient cependant être faites "d'un point de vue humanitaire".

Déluge de feu à Damas

Sur le terrain, les violences n'ont jamais cessé, notamment à Alep, ville stratégique du Nord et théâtre d'une bataille acharnée pour son contrôle depuis deux semaines, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a rapporté la mort vendredi de 84 personnes, dont 46 civils, à travers le pays.

Des combats faisaient rage samedi à Salaheddine et Seif al-Dawla, deux quartiers de l'ouest tenus par les rebelles, qui disent contrôler la moitié de la deuxième ville du pays (355 km au nord de Damas), selon l'OSDH.

Après des opérations audacieuses leur ayant permis ces derniers jours de s'emparer de commissariats, les rebelles se sont lancés samedi avant l'aube à l'assaut du bâtiment de la télévision d'Etat d'Alep, autour duquel ils ont posé des explosifs avant d'être bombardés par l'aviation et de se retirer, selon l'OSDH.

L'agence officielle Sana a confirmé l'attaque, rapportant que "les terroristes ont attaqué des civils et le bâtiment mais les soldats l'ont défendu".

A Damas, la capitale où subsistent des poches de résistance, des combattants retranchés dans le quartier de Tadamoun (sud) se trouvaient sous un déluge de feu de l'armée, selon l'OSDH.

L'agence syrienne a affirmé que l'armée avait tué et arrêté "un grand nombre de terroristes" dans ce quartier.

Juillet, mois le plus sanglant

L'OSDH a par ailleurs affirmé qu'un présentateur de la télévision d'Etat, Mohammad al-Saïd, enlevé à la mi-juillet à son domicile à Damas, avait été exécuté par le groupuscule islamiste al-Nosra qui a revendiqué ce meurtre.

Un premier bilan de l'OSDH fait état de la mort de 13 personnes samedi, dont six dans la province de Damas et six à Deir Ezzor (est).

Compte tenu des restrictions imposées aux journalistes, il est impossible de vérifier ce bilan de source indépendante.

Alors que juillet a été le mois le plus sanglant depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011, selon l'OSDH, la Croix-Rouge internationale a demandé aux belligérants de respecter "pleinement" le droit international humanitaire.

La plus grande partie de la province de Deir Ezzor, limitrophe de l'Irak, est entre les mains des insurgés et l'armée pilonne cette zone pour tenter d'en reprendre le contrôle, selon l'OSDH.

La ville même de Deir Ezzor a été vidée de 70% de ses habitants, les 30% restants n'ayant pas pu fuir faute de moyens, selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne, qui tire ses informations d'un réseau de militants et de témoins.

Des manifestations contre le régime sous le slogan "Deir Ezzor, la victoire vient de l'Est", avaient eu lieu vendredi dans plusieurs quartiers d'Alep malgré les violences, selon une ONG syrienne et un correspondant de l'AFP.

Depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression, les violences ont fait plus de 20.000 morts, selon un bilan de l'OSDH.