
Les combats dans les États du Nil Bleu et du Kordofan-Sud, situé au Nord Soudan, ont forcé à l'exil plus de 170 000 personnes, réfugiées chez leur voisin du Sud. Mais en pleine saison des pluies, les ONG crient à la catastrophe humanitaire.
L’eau a transformé la terre rouge en linceul. Au milieu des tentes blanches du camp de réfugiés de Yida, à la frontière nord du Soudan du Sud, les enfants en bas âge n’ont plus la force de sauter dans les flaques, les jerrycans dégorgent d’une eau infectée. C’est la saison des pluies. C’est la saison des larmes.
"La saison des pluies a fait de ces camps un enfer", estime Bart Janssens, le directeur des opérations de MSF au Soudan. Le camp de l’État d’Unity est inondé et surpeuplé. Initialement prévu pour 15 000, Yida abrite plus de 55 000 personnes qui ont fui les violents combats des Monts Nuba, dans la région du Kordofan-Sud, au Soudan. Mais au bout du périple éreintant - plusieurs jours de marche, souvent sans se nourrir, avec des enfants en mauvaise santé – c’est un nouveau désastre qui les attend.
La création du jeune État a mis un terme à l’une des plus longues guerres civiles d’Afrique (1956-1972 et 1983-2005) qui a opposé le Soudan du Nord - arabe et musulman - au Sud - noir, chrétien et animiste. Mais deux unités de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), fer de lance du nationalisme sudiste, se battent toujours dans les provinces du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, rattachées au Nord dans l’accord de paix. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en tournée sur le continent africain, a d'ailleurs fait escale vendredi à Juba, capitale du Soudan du Sud, pour exhorter les deux pays à régler leurs différends, qui ont forcé à l'exode plus de 170 000 personnes.
Pour faire face, le Programme alimentaire mondial doit parachuter 5 000 tonnes de nourriture d'ici à deux semaines. Mais les humanitaires sont dépassés. Le 4 juillet, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, António Guterres, avertissait que les opérations d'aide humanitaire se rapprochaient du point de rupture : "La combinaison entre les conditions difficiles et dangereuses au Soudan du Sud et l'importante population réfugiée arrivant dans ce pays mettent nos opérations à rude épreuve", déclarait-il, demandant le déblocage d’une aide d’urgence.