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Placé en redressement judiciaire début juin, le volailler breton a désormais jusqu'au 30 novembre pour se relancer. Sa filiale déficitaire "Doux frais", qui emploie 1 700 personnes, a été mise en liquidation.

AFP - Le tribunal de commerce de Quimper a donné mercredi une chance de relance au groupe Doux, en permettant le maintien de la période d'observation du volailler breton jusqu'au 30 novembre, tout en mettant en liquidation le pôle frais, déficitaire, qui emploie 1.700 personnes sur près de 4.200.

Cependant, le tribunal a fixé au 10 août la date de dépôt des offres de reprises de "Doux frais", l'une des 23 sociétés du groupe, et au 10 septembre la fin de la période d'activité.

Une audience d'étape se tiendra le 9 octobre pour les 22 autres sociétés du groupe. "Nous espérons que le plan de continuation auquel travaille Charles Doux (pour ces 22 sociétés) pourra être déposé entre les mains du tribunal à la rentrée de septembre", a-t-on expliqué de source proche du dossier.

Le tribunal a également refusé "l'indivisibilité" de l'offre présentée sous l'égide de Sofiprotéol, l'établissement financier de la filière huiles et protéines végétales, estimant que le caractère indivisible de cette offre "devait être refusé car privant le tribunal de sa liberté de choix".

Les sociétés et coopératives qui avaient présenté une offre sous l'égide de Sofiprotéol ont la possibilité de déposer de nouvelles offres "dans les meilleurs délais", a-t-on précisé de même source.

"Nous avons sollicité et obtenu le maintien de la période d'observation (...). C'est l'étape nécessaire pour nous permettre d'élaborer" le plan de continuation, a déclaré à l'AFP l'avocat de Doux, Me Jean-Claude Gourvès.

Le plan de continuation de Charles Doux prévoit l'entrée majoritaire au capital de la banque britannique Barclays, qui espère ainsi récupérer ses 140 millions d'euros de créances.

"Malheureusement, nous n'avons pas de solution pour Doux frais (...). Nous espérons des candidats repreneurs pour ce pôle frais" d'ici le 10 août, a ajouté Me Gourvès.

"Si on lève cette indivisibilité" de l'offre Sofiprotéol, "il y aura moins de casse et je pense que, le 10 août, il y aura beaucoup de dossiers sur la table pour reprendre les sites" de Doux frais, a de son côté déclaré Jean-Luc Guillard, délégué central CFDT au sein du groupe Doux.

"Les deux solutions (ndlr: Doux et Sofiprotéol) n'étaient pas bonnes", a estimé pour sa part Véronique Rives, déléguée CGT. "Comment imaginer autant de personnes au chômage alors que le secteur est porteur", s'est-elle interrogée.

"Pour moi, ce n'est plus Doux mais la Barclays qui nous dirige", a déclaré pour sa part Nadine Hourmant, déléguée FO.

"La liquidation du pôle frais me préoccupe énormément", a déclaré mercredi soir Xavier Beulin, président de la FNSEA, principal syndicat agricole, mais également PDG de Sofiprotéol.

"Ma préoccupation ce soir, c'est de savoir si nous aurons ou non des opérateurs qui vont se porter candidats sur le pôle frais", a ajouté M. Beulin.

Le "consortium" Sofiprotéol avait fait une offre globale de reprise du groupe Doux. Ce consortium regroupait pour l'occasion des acteurs français du secteur volailler, privés et coopératives: Glon Sanders (filiale de Sofiprotéol), Duc, LDC, Terrena, Tilly-Sabco et Triskalia.

"Nous avons dix jours pour aider à la construction d'offres solides pour les sites du pôle frais de Doux. Je vais prendre mon bâton de pèlerin pour aller vers les différents opérateurs économiques, les différents candidats qui avaient déposé une offre pour le frais et rappeler la position du gouvernement: sauver le maximum de site, sauver le maximum d'emplois", a indiqué à l'AFP le ministre délégué à l'Agroalimentaire Guillaume Garot.

"Le secteur avicole, et le dossier Doux en particulier, ne peuvent retrouver de perspectives d'avenir sans volonté politique nationale et européenne de reconquérir la part du marché intérieur à forte valeur ajoutée", soulignent dans un communiqué commun Yannick Jadot, député européen, René Louail, conseiller régional, et Joël Labbé, sénateur du Morbihan.

Premier bénéficiaire français des subventions européennes aux exportations (restitutions), le groupe Doux, propriétaire du célèbre Père Dodu, ploie sous une dette estimée à 430 millions d'euros et a été placé en redressement judiciaire début juin.

Avec les CDD, plus de 4.000 personnes sont employées chez Doux, qui fait travailler quelque 800 éleveurs. Deux mille personnes sont employées par des sociétés de transport travaillant pour le groupe, sans compter les nombreux emplois chez les fournisseurs et la sous-traitance.