Après avoir officiellement demandé la dissolution du Parlement de la province, le Premier ministre québécois, Jean Charest, a annoncé la tenue d'élections législatives anticipées au Québec, qui devraient se dérouler début septembre.
AFP - Les Québécois iront aux urnes dans un peu plus d'un mois pour des législatives anticipées qui pourraient ramener au pouvoir les indépendantistes de la province francophone, sur fond de tensions nées du conflit étudiant et de soupçons de corruption du gouvernement libéral sortant.
Attendue depuis plusieurs semaines, l'annonce de la tenue d'élections anticipées a été faite mercredi par le Premier ministre libéral Jean Charest qui s'est rendu chez le lieutenant-gouverneur du Québec, représentant de la couronne britannique, pour lui demander de dissoudre le parlement provincial.
Leur date n'a pas encore été rendue officielle, mais le vote devrait se dérouler très vraisemblablement le mardi 4 septembre.
La question de l'indépendance et le conflit sur les droits de scolarité, qui n'est toujours pas tranché, devraient dominer la campagne, les libéraux utilisant des deux problèmes épineux pour se présenter en champions de la stabilité et de la croissance économique.
Ils accusent donc le Parti Québécois (PQ, indépendantiste) et la Coalition Avenir Québec (CAQ, centre-droit, favorable aux idées souverainistes, mais repoussant la question à un avenir lointain) de vouloir plonger le Québec dans le "chaos", en rallumant le conflit avec le gouvernement fédéral et en cédant aux pressions de la "rue".
Les Québécois ont repoussé à deux reprises leur indépendance lors de référendums en 1980 et 1995, avec une très courte majorité lors du second scrutin. Actuellement, le PQ ne se propose pas d'aller rapidement vers un troisième référendum, mais veut procéder graduellement, s'il arrive au pouvoir, en demandant au gouvernement fédéral plus d'argent et plus d'autonomie et modulant sa politique en fonction de sa réaction.
Soupçons de corruption
Le conflit étudiant est beaucoup plus brûlant. La campagne électorale commence à deux semaines de la rentrée universitaire, anticipée pour rattraper le retard entraîné par la grève des cours, et il n'est pas dit qu'elle dissuadera les étudiants de reprendre leurs manifestations.
Le Parti Québécois a pris fait et cause pour les étudiants, alors que la hausse imposée par le gouvernement des libéraux bénéficie du soutien de la majorité silencieuse dans la province, selon des sondages.
Les deux formations sont au coude à coude dans les enquêtes d'opinion, chacun obtenant un peu plus de 30% des intentions de vote, ce qui fait planer une grande incertitude sur l'issue du scrutin et rend plausible la formation d'un gouvernement minoritaire.
S'il l'emportait, M. Charest obtiendrait un quatrième mandat à la tête du gouvernement, alors que, arrivé au pouvoir en 2003, il était déjà l'unique Premier ministre du Québec depuis un demi-siècle à en avoir exercé trois.
C'est d'ailleurs sur la lassitude de l'opinion à son égard et les soupçons de corruption avancés contre son gouvernement que mise le troisième parti en lice, Coalition Avenir Québec (CAQ) de l'ancien homme d'affaires François Legault, dont le slogan est "C'est assez, faut que ça change".
Les adversaires du Premier ministre comptent sur un vote anti-Charest. Ils l'accusent d'avoir géré la crise étudiante de manière à la prolonger pour faire oublier l'enquête sur des faits de corruption dans les milieux politiques et l'industrie du bâtiment.
Ils pointent du doigt le fait que la date du scrutin anticipé permet de devancer d'éventuelles révélations de la commission publique d'enquête, dite Commission Charbonneau, attendues cet automne.
De leur côté, les libéraux disposent d'un appareil électoral bien rodé et de ressources financières importantes, et comptent sur la reconnaissance de régions et municipalités ayant reçu ces derniers temps une pluie de subventions et de crédits.