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Au lendemain de la journée la plus meurtrière depuis le début du soulèvement, les violents combats entre forces pro-Assad et rebelles se sont poursuivis vendredi aux postes-frontaliers et à Damas. La mission des observateurs de l'ONU a été prolongée.

REUTERS - Les forces pro-Assad tentaient de reprendre vendredi les positions tenues par les rebelles dans Damas et aux postes frontaliers aux frontières turque et irakienne, alors que l'Onu a estimé que 8.500 à 30.000 Syriens se seraient réfugiés au Liban ces deux derniers jours.

Au lendemain du veto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité sur un projet de résolution occidental qui menaçait le régime de Bachar al Assad de sanctions, les déclarations de l'ambassadeur de Russie à Paris sur un retrait du pouvoir du président syrien ont semé la confusion.

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Reportage au poste frontière de Bab al-Hawa

Le chef d'Etat syrien n'a pas fait de déclaration depuis l'attentat qui a frappé mercredi matin au coeur de l'appareil sécuritaire de son régime. On ignore s'il était présent vendredi aux funérailles à Damas de trois hauts responsables qui ont péri dans cette attaque.

La télévision officielle syrienne a indiqué que les funérailles du général Assef Chaoukat, vice-ministre de la Défense et beau-frère d'Assad, du ministre de la Défense, Dawoud Rajha, et du général Hassan Tourkmani, ancien ministre de la
Défense et haut responsable militaire, avaient eu lieu vendredi dans la capitale syrienne.

Quelques heures plus tard, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé à l'unanimité une prolongation de 30 jours du mandat des observateurs de l'Onu en Syrie, qui expirait dans la nuit de vendredi à samedi, mais cette extension de leur
présence pourrait être la dernière.

Sur le terrain, après 16 mois de soulèvement et des milliers de morts, le sixième jour de "la bataille de Damas" lancée par les insurgés a fait moins trois nouveaux morts dans la capitale, victimes de tirs d'hélicoptères de combat de l'armée qui ont
mitraillé le quartier de Saida Zeinab, dans le sud-est de la capitale syrienne.

Des rebelles auraient incendié des casernes utilisées par les "chabiha", les miliciens pro-Assad, et par l'armée après deux jours de siège, selon un témoin.

Un premier jour de ramadan sous le signe de la peur

La télévision d'Etat a annoncé de son côté que les forces syriennes avaient libéré le quartier central de Midane "des mercenaires et des terroristes".

Des activistes de l'opposition et des sources au sein de l'Armée syrienne libre (ASL) ont confirmé leur retrait, tout en soulignant que ce n'était qu'un mouvement stratégique.

Pour la population damascène, la situation est d'autant plus difficile à vivre que la température dépasse les 40°C et que de nombreux quartiers de la ville sont privés d'électricité, alors que débutait vendredi le ramadan.

"Nous ne savons même pas où se trouvent les membres de notre famille. Dans ces conditions, il ne peut pas y avoir de ramadan", regrette Ghassan, un homme d'affaires de 52 ans.

Autre signe de détérioration des conditions de vie, les banques seraient à court de liquidités. La capitale ressemblait à une ville fantôme dans le centre, de nombreux magasins restant fermés.

Lors de ces dernières 24 heures, les rebelles ont pris deux postes-frontières à la frontière turque et un à la frontière irakienne.

Vendredi, l'armée irakienne a fermé le poste-frontière d'Abou Kamal/Kaïm, a constaté un photographe de Reuters. Après les affrontements de la nuit passée, le poste frontalier semblait calme, à l'inverse de celui de Bab al Haoua, à la frontière turque, que les troupes pro-gouvernementales tentent de reprendre.

Poursuite de la Misnus

Sur le plan humanitaire, la situation des réfugiés a empiré ces derniers jours.

"On nous a rapporté, ce que nous essayons de vérifier, que des milliers de Syriens ont passé la frontière libanaise cette nuit et hier", a déclaré Melissa Fleming, porte-parole du HCR.

"Les gens continuent d'arriver en Turquie. Les gens continuent d'arriver en Jordanie. Les gens continuent d'affluer au Liban et de plus en plus en Irak."

Sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité a donné son feu vert à une prolongation de 30 jours de la Mission de surveillance de l'Onu en Syrie (Misnus), composée de 300 observateurs militaires non armés et de 100 civils.

Elle a été constituée en avril pour veiller au respect du cessez-le-feu théorique qu'avait obtenu l'émissaire international Kofi Annan. Mais la trêve n'a pas tenu et les
observateurs ont suspendu l'essentiel de leurs opérations à la mi-juin en raison de la détérioration de la sécurité.

Jeudi, la Russie et la Chine avaient opposé leur veto au Conseil de sécurité de l'Onu à un projet de résolution occidental menaçant le régime syrien de sanctions en cas de
non-respect du plan de paix de l'émissaire Kofi Annan.

C'est dans ce contexte que les propos de l'ambassadeur de Russie en France ont semé le trouble. Dans la matinée, Alexander Orlov expliquait sur RFI que le président syrien avait accepté le communiqué final du Groupe d'action sur la Syrie réuni le 30
juin à Genève, qui prévoit, a-t-il rappelé, "une transition vers un régime plus démocratique".

"C'est-à-dire (qu')il accepte de partir mais partir d'une façon civilisée", ajoutait le diplomate.

L'ambassade a rectifié le tir, déclarant que les propos de l'ambassadeur avaient été "sortis de leur contexte". Le ministère syrien de l'Information a catégoriquement démenti.