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Sept ans après, Paris relativise la perte des JO de 2012

En 2005, Londres a été préférée à Paris pour accueillir les Jeux olympiques de 2012. D'abord déçue, la France réalise aujourd'hui qu’organiser les JO aurait été une charge trop lourde compte tenu de la crise.

"À toute chose malheur est bon." Le dicton trouve tout son sens lorsque la France observe aujourd’hui les dépenses engagées en pleine crise économique par le Royaume-Uni pour l’organisation des Jeux olympiques de Londres.

En 2005 pourtant, lorsque le Comité international olympique a décidé, par 54 voix contre 50, d’attribuer la tenue des Olympiades d’été de 2012 à Londres, les Français, sportifs et aficionados, ont eu beaucoup de mal à digérer le verdict.

Des milliers de supporters réunis devant des écrans géants pour suivre en direct la cérémonie de désignation de la ville organisatrice des Jeux avaient alors poussé une immense clameur de dépit. On se souvient encore de Jacques Chirac, alors président de la République, se déclarant "naturellement, comme toutes les Françaises et tous les Français, déçu par ce jugement du Comité international olympique (CIO)".

La crise a changé la donne

En 2005, faut-il le rappeler, le contexte était tout autre. L’économie mondiale se portait bien. "Les pays développés ont connu une période d’énorme croissance entre 2003 et 2007", rappelle à FRANCE 24 l’économiste Alessandro Giraudo. "Organiser les Jeux passait alors comme une question de prestige, même dans l’opinion publique", ajoute-t-il.

Aujourd’hui, la donne a changé. Dans le contexte de crise économique européen, les dépenses engagées par le Royaume-Uni pour l'organisation des JO suscitent la polémique : 9,3 milliards de livres (11,8 milliards d’euros) de fonds publics ont déjà été dépensés pour la transformation d’une partie de Londres en un parc olympique d'une part, pour le maintien de la sécurité de l'autre.

"Aujourd'hui, vous ne trouverez plus beaucoup de Français malheureux d'avoir perdu les Jeux olympiques", explique à FRANCE 24 Christophe Anglard, consultant en sécurité résidant à Paris. "Et au Royaume-Uni, vous trouverez un tas de gens préoccupés par la somme dépensée pour les JO." La Grèce qui s'est en effet fortement endettée à l'occasion des JO de 2004, fait figure de repoussoir pour les Britanniques.

Les JO, "une charge lourde"

Philippe Moreau Defarges, spécialiste de géopolitique à l’Institut français des relations internationales (Ifri), pense lui aussi que Paris peut se sentir aujourd’hui "soulagée". "La France se trouve aujourd'hui endettée jusqu’au cou, organiser les JO aurait été une charge lourde", explique le chercheur.

Du 27 juillet au 12 août, Londres sera certes la capitale mondiale du sport : les caméras du monde entier seront braquées sur les Jeux et des millions de spectateurs vont affluer. Mais le prix à payer pour ces trois semaines de gloire paraît très élevé. "En période de crise, les Jeux olympiques constituent une entreprise économique douteuse", conclut Philippe Moreau Defarges.