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Signature d'un accord global sur les bas salaires

Le "Collectif du 5 février" et le patronat ont signé un accord global sur les bas salaires, dans la nuit de mardi à mercredi. Bien que maintenu, le mot d'ordre de grève est accompagné d'un assouplissement des barrages.

AFP - La Martinique se dirigeait mercredi vers la fin de la grève après la signature dans la nuit d'un accord sur les bas salaires entre le patronat et le "Collectif du 5 février" qui mène le mouvement contre la vie chère depuis près de cinq semaines.

Le Collectif a immédiatement précisé qu'il ne levait pas le mot d'ordre de grève. Mais "compte tenu des avancées", les syndicats ont décidé des "assouplissements conséquents des barrages" dès mercredi "pour desserrer l'étau et faire en sorte que la vie économique puisse reprendre progressivement et notamment les établissements scolaires".

Ces levées des barrages, qui entravent les zones industrielles et sont le principal moyen de pression, seront "ciblées", a précisé le président du Collectif Michel Monrose tandis que "les grandes surfaces resteront fermées".

Ces enseignes constituent à leurs yeux l'un des symboles des entreprises qui concourent à la vie chère dans l'île, même si un accord sur la baisse des prix a été signé vendredi dernier avec la grande distribution, souvent détenue par des békés, ces descendants de colons blancs esclavagistes.

Pour les treize syndicats, très hétérogènes, composant le Collectif, l'heure n'est pas encore "à la signature d'un accord final de crise".

M. Monrose a toutefois évoqué un délai de "24 ou 48 heures" pour lever le mot d'ordre de grève, qui dans les faits est déjà bien résorbée.

Il reste "des travaux pour des semaines encore comme les minima sociaux, les retraites, la question des très petites entreprises", a-t-il fait valoir.

Pour l'heure, il s'agit de savourer l'obtention d'un accord après un dernier round de dix heures d'âpres négociations, au début du 35e jour de conflit. "C'est un très bon accord, très équilibré", a estimé le préfet Ange Mancini, pour qui "parfois il faut savoir prendre du temps pour en gagner en qualité".

"Toutes les organisations patronales l'ont signé, il n'y aura aucune difficulté à le faire appliquer", a-t-il insisté, faisant une comparaison implicite avec les faiblesses de l'accord en Guadeloupe.

Quelques dizaines de militants du Collectif chantaient "Matinik lévé" (Martinique debout en créole) devant les grilles de la préfecture lors de la signature du document.

Patronat et Collectif ont fait suffisamment de compromis pour parvenir à définir le smic qui servira de référence pour bénéficier de la prime de 200 euros nets (pour les bas salaires jusqu'à 1,4 smic) et les revalorisations pour les salaires au-dessus (entre 1,4 et 1,6 smic) et au-delà de 1,6 smic.

Le salaire de référence choisi est un 1/12e de la rémunération annuelle (incluant les primes et le 13e mois pour ceux qui en reçoivent un).

Sur cette base, 47.000 personnes vont bénéficier des 200 euros, soit plus de 60% des salariés du privé.

Une augmentation de 4% est actée pour les 8.400 salariés gagnant entre 1,4 et 1,6 smic, et une de 2% pour les 22.000 salariés au-delà de 1,6 smic.

Cet accord est applicable à compter du 1er mars.

"Nous avons fait de gros efforts pour sortir de ce conflit, a déclaré Alexandre Richol, président de la CGPME, nous allons essayer de remettre les entreprises debout".

Pour elles, "ce sera encore la crise" même une fois le conflit fini, a-t-il pronostiqué.

Depuis la mi-février, "800 entreprises ont fait des demandes de chômage partiel qui concerne 9.700 salariés soit 13%" des effectifs du privé", a-t-on appris auprès de la Direction du Travail.