Des milliers d'Irakiens ont répondu à l'appel lancé par le dirigeant radical chiite Moqtada al-Sadr pour manifester contre l'accord de sécurité avec les États-Unis, qui prévoit un départ des troupes américaines d'ici à la fin 2011.
Des milliers d'Irakiens, la plupart chiites, se sont rassemblés vendredi matin sur l'une des principales places de Bagdad pour manifester leur opposition à l'accord de sécurité avec les Etats-Unis, qui doit être ratifié par le Parlement la semaine prochaine, a constaté l'AFP.
Ils répondaient à l'appel du dirigeant radical chiite Moqtada Sadr, qui leur a demandé de marquer ainsi leur rejet de cet accord déjà adopté par le gouvernement irakien et qui ne prévoit un départ de toutes les troupes américaines que d'ici la fin 2011
Dans le calme, alors que des haut-parleurs diffusaient des versets du Coran, ils se sont rassemblés sur la place al-Fardaouss, dans le centre de la capitale irakienne, où des tapis ont été étalés.
Des banderoles, parfois en anglais, parfois en arabe, proclamaient: "Non à l'accord de sécurité qui fait de l'Irak un prisonnier sans souveraineté" ou "Les forces d'occupation doivent quitter l'Irak maintenant".
Un mannequin à l'effigie du président américain George W. Bush a été suspendu à la statue qui a remplacé, sur la place, celle de Saddam Hussein qui avait été renversée à l'arrivée de l'armée américaine dans Bagdad, en avril 2003.
Sur le mannequin, une banderole a été accrochée: "L'accord de sécurité est honteux et humiliant".
Interrogé par l'AFP, Talal Al-Saadi, imam de la mosquée du quartier de Kadhamiya, a dit: "Nous obéissons à l'ordre de Moqtada Sadr, qui nous a demandé de venir manifester pour montrer au monde et à l'opinion publique que les Irakiens sont contre cet accord humiliant, qui légalise l'occupation étrangère".
"L'accord permet aux occupants de rester trois ans alors qu'Obama propose de les retirer dans seize mois. Nous demandons au gouvernement irakien d'être patient et d'attendre l'ordre de départ d'Obama", a-t-il ajouté en évoquant Barack Obama, le président élu qui doit remplacer M. Bush en janvier.
Pour sa part Nawfal Faraj, un fonctionnaire de 36 ans a déclaré: "Nous sommes venus pour prier et manifester contre l'accord et contre l'occupation. Cet accord n'est pas clair, et il laisse les occupants en Irak".
Au premier rang, sur la place, des dignitaires religieux chiites se sont assis sur des tapis. Sur les toits et dans les rues alentours, de nombreux soldats en armes étaient postés.
Un autre religieux chiite, cheikh Salah al-Obeidin, a ajouté: "Si l'accord passe, nous continuerons à nous y opposer par des voies politiques mais nous n'excluons pas d'autres options. C'est à Moqtada Sadr de décider".
Sur la place, une autre banderole porte une carte d'Irak dégoulinante de sang avec des mains emprisonnées dans des menottes géantes, que trois clefs peuvent ouvrir: une clef américaine, une clef anglaise et une clef israélienne.