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Tollé après l'annonce de 555 suppressions de postes par Total

Total a annoncé, mardi, qu'une restructuration de ses activités pétrochimiques et de raffinage allait entraîner 555 suppressions de postes en France. Un scandale pour les syndicats et le gouvernement, au vu des bénéfices de l'entreprise.

AFP - Total a annoncé mardi une restructuration en France de ses activités de raffinage et pétrochimie, qui va entraîner 555 suppressions de postes d'ici 2013, une situation jugée "scandaleuse" par syndicats et gouvernement au regard des bénéfices record de l'entreprise.

Les deux projets de restructuration ont été présentés dans le cadre de deux comités centraux d'entreprises extraordinaires, convoqués mardi au siège du groupe pétrolier à La Défense (Hauts-de-Seine).

Le "plan de consolidation" de la pétrochimie prévoit la suppression de 306 postes d'ici 2012, sans aucun licenciement sec, selon syndicats et direction.

Le "projet d'adaptation du raffinage en France" induit la suppression de 249 postes d'ici 2013, sans licenciement sec non plus, selon la direction et les syndicats. D'après la CGT, ces 249 postes correspondent à 309 emplois, car certains postes sont occupés par plusieurs salariés.

Particulièrement touchés, les salariés du site Total de Gonfreville l'Orcher, près du Havre, après l'annonce de la perte de 199 postes à la raffinerie et de 130 en pétrochimie, se sont rassemblés devant leur usine et ont voté un arrêt de travail "symbolique" d'une heure.

Le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a trouvé "scandaleux" ces postes supprimés alors que Total dégage de forts bénéfices, jugeant que le groupe devrait avoir "un comportement exemplaire" en période de crise.

Total a dégagé en 2008 le plus gros profit jamais réalisé par un groupe français, en hausse de 14% sur un an à 13,9 milliards d'euros.

"Total, en plein procès AZF (...) supprime des emplois pour maintenir ses bénéfices à un niveau qui devient inacceptable au regard de la situation sociale du pays", s'est indigné le syndicat CGT de Total Petrochemicals France (TPF).

La CFDT a dénoncé, elle, une "stratégie industrielle purement défensive", estimant que Total devait "être un acteur de l'emploi durable" surtout dans des régions qui "ont largement contribué" à son "succès".

Pour la pétrochimie, le plan qui vise à "porter les sites au meilleur niveau de compétitivité" n'est pas "lié à la crise", a affirmé le PDG de TPF Philippe Goebel, mais "à des surcapacités en France".

Il a assuré qu'il n'y aurait "aucun licenciement grâce à des efforts de reclassement interne importants" et un dispositif de "congé attente retraite", qui "dispense d'activité" les salariés à trois ans de l'âge de la retraite.

Côté raffinage, Total a expliqué dans un communiqué son plan par le "contexte de diminution de la consommation française de pétrole et d'excédents croissants d'essence", et par la nécessité d'accroître la production de diesel.

Selon Jacky Pailloux (Sud), "le problème de fond est que Total a décidé d'investir massivement dans le raffinage à l'étranger, près des zones de production de brut".

Lors de l'annonce de ses résultats le 12 février dernier, Total avait noté que "le débouché traditionnel" aux Etats-Unis pour les excédents européens d'essence était "en train de se fermer", mais avait affirmé qu'il ne fermerait pas de raffinerie en 2009.

Dans un communiqué, le groupe a souligné mardi que les investissements nécessaires à la restructuration du raffinage et de la pétrochimie, ainsi que ses investissements dans le solaire, représenteront plus d'un milliard d'euros, et permettront, chez ses sous-traitants et prestataires, de générer "plus de 1.000 emplois par an en moyenne".