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Alan Turing, hommage à un génie persécuté

Alan Turing aurait eu 100 ans ce samedi. Le père de l’informatique moderne a vaincu les codes secrets nazis et défini les critères de l’intelligence artificielle. Condamné en 1952 pour homosexualité, le Britannique s'est suicidé à 41 ans.

La communauté scientifique mondiale rend hommage ce samedi à l’une de ses plus illustres figures, Alan Turing. Né le 23 juin 1912 en Angleterre, ce génie a posé les fondations de l’informatique moderne. Pour le centième anniversaire de sa naissance, de nombreuses villes organisent des conférences et des expositions sur les travaux de cet Einstein des Mathématiques.

"Turing est sans doute la seule personne à avoir apporté des contributions qui ont changé la face du monde dans les trois types d’intelligence le plus fins : humaine, artificielle et militaire", a résumé la revue scientifique Nature dans un récent numéro.

Un héros de guerre

Alan Turing est surtout connu du grand public pour avoir cassé les codes de la machine Enigma utilisée par l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale pour les communications avec les sous-marins croisant dans l’Atlantique nord. Pour de nombreux historiens, ce fait d’armes aura permis de précipiter la chute d’Adolf Hitler.

Avant le conflit, le jeune scientifique avait déjà étonné ses contemporains en dessinant les contours d’une première machine programmable ou machine de Turing. Tous les ordinateurs modernes sont désormais conçus selon le principe de fonctionnement qu'il présentait dans un article datant de 1936.

Les informaticiens d’aujourd’hui savent qu’ils sont redevables envers ce précurseur. Pour preuve, le géant Google célèbre à sa façon son anniversaire. La page d’accueil du moteur de recherche présente un jeu inspiré par la machine de Turing. Les internautes doivent parvenir à reconstituer les lettres du mot Google.

Pour commémorer son centenaire, des scientifiques néerlandais ont également imaginé une machine en Lego à partir du modèle théorique du mathématicien britannique.

Dans les années 50, le génie explora aussi la question de l’intelligence artificielle. Il mit au point le fameux test de Turing, censé déterminer si le répondant est un humain ou une machine.

Sa réhabilitation

Malgré ses avancées spectaculaires, Alan Turing a fini par être banni de la communauté scientifique. En 1952, il est condamné pour outrage aux bonnes mœurs en raison de son homosexualité, alors illégale en Grande-Bretagne. Contraint à la castration chimique, il meurt deux ans plus tard à l’âge de 41 ans. Il se serait suicidé en croquant une pomme empoisonnée au cyanure.

Après sa mort, son génie est finalement reconnu. Un prix Turing ou Nobel de l’informatique est attribué tous les ans depuis 1966.

En 2009, le Premier ministre britannique Gordon Brown a également présenté ses excuses posthumes au nom du gouvernement britannique pour le traitement déplorable qui lui a été réservé.