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Ce jeudi, un pilote de chasse syrien a fait défection à bord de son MIG-21 et a atterri en Jordanie où il a obtenu l'asile politique. Une défection qui porte un coup dur au régime, estime Salman Shaikh, directeur du centre Brookings de Doha.

Un pilote de chasse syrien a fait défection jeudi aux commandes de son MiG-21 de fabrication russe. Le colonel Hassan Merhi al-Hamadé a atterri sur une base de l'armée de l'air en Jordanie, où il a obtenu l'asile politique. Le ministère syrien de la Défense a estimé que le colonel Hamadé était "un déserteur et un traître à la nation" et promis qu'il serait sanctionné "en vertu des règles en vigueur". De son côté, la France a appelé les membres de l'armée et des forces de sécurité syriennes à faire de même "et à ne plus obéir aux ordres criminels du régime de Damas".

Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011, des dizaines de milliers de soldats syriens ont déserté, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Plusieurs milliers d'entre eux ont rejoint les rangs de l'Armée syrienne libre (ASL) qui combat les troupes gouvernementales.

Salman Shaikh, directeur du centre Brookings de Doha, revient pour FRANCE 24 sur cette première désertion du genre. 

FRANCE 24 : On dénombre des dizaines de milliers de défections depuis le début, en mars 2011, de la récolte populaire en Syrie. En quoi celle-ci est-elle plus significative que les autres ?

Salman Shaikh : Il est vrai que ce n’est pas la première désertion en quinze mois, des centaines de colonels sunnites l’ont déjà fait. Mais c’est la première fois qu’un pilote de chasse fuit le pays à bord de son avion. Et l’armée de l’air est l’unité la plus fidèle à Bachar Al-Assad, ce qui porte un coup dur au régime et au dirigeant syrien. C’est la preuve que l’armée peine de plus en plus à maintenir ses officiers.

En savez-vous plus sur les circonstances de ces défections ?

S.S. : Depuis plusieurs mois, l’Armée syrienne libre multiplie les efforts pour entrer en contact avec les forces régulières, en particulier les officiers sunnites et alaouites, afin de les inciter à quitter l’armée. Cette défection est la preuve que cela marche, particulièrement chez les sunnites. Je pense qu’environ une centaine d'officiers est prête à fuir. Mais il faut relativiser ce phénomène : Assad peut toujours compter sur un grand nombre d’officiers alaouites qui forment les troupes. Surtout que parmi les diplomates, on ne compte aucune défection. Preuve que le régime tient encore debout.

Quel est l’impact sur l’Armée syrienne libre ?

S.S. : L’ASL compte 25 à 30 00 soldats qui sont formés et armés, ainsi que 100 000 autres qui sont prêts à se battre si on les arme. À cela, il faut ajouter 300 à 400 hommes qui veulent quitter l’armée d’Assad mais qui ne l’ont pas encore fait. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont capables de repousser l’armée régulière. Pour y parvenir, l'ASL a besoin d’être aidée.