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Air France s'apprête à préciser les contours de sa restructuration

Il s'agit de l'une des restructurations annoncées les plus attendues : Air France doit préciser, ce jeudi, les détails de son plan de réduction des effectifs. Quelque 5000 postes devraient être supprimés.

AFP - Les salariés d'Air France sont fixés jeudi sur le nombre de postes que la direction entend supprimer, de l'ordre de 5.000, et la méthode pour y parvenir, à une semaine de la fin des négociations marathon engagées avec les syndicats afin de redresser la barre d'ici 2015.

Environ 5.000 postes devraient être supprimés d'ici trois ans. Le nombre de départs naturels, revu à la baisse, devrait atteindre 1.700 au lieu de 2.400. Il restera encore près de 3.300 postes à supprimer, selon des estimations syndicales.

Au cours d'un Comité central d'entreprise (CCE), la direction devrait donc proposer un plan de départs volontaires. Les premiers visés devraient être les personnels au sol (environ 32.000 sur les 53.000 salariés de la compagnie), comme en 2009, mais aussi une partie du secteur industriel.

Pour les hôtesses/stewards (PNC), le sureffectif, estimé à plusieurs centaines, devrait se résorber en partie avec le non-remplacement des départs naturels (environ 1.000 d'ici fin 2015). Aucun départ volontaire n'est a priori envisagé pour eux, mais la direction va "pousser beaucoup au passage au temps partiel", selon Michel Salomon (CFDT).

Selon lui, l'extension des temps partiels va "générer des dégâts qui sont pas loin de 1.000 équivalents temps plein".

La direction veut aussi améliorer la productivité des hôtesses et stewards (50 heures de vol annuelles supplémentaires, réorganisation des équipages, congés et temps de repos, etc...).

Les pilotes, dont le sureffectif est estimé à 200 aujourd'hui, 600 avec le plan stratégique Transform 2015, devraient échapper aussi au plan de départs, l'accent étant mis sur le temps mensuel partiel ou des mises à disposition d'un ou deux ans à une autre compagnie. Le PDG Alexandre de Juniac les rencontrera lundi.

Une semaine pour convaincre

L'envolée des prix du carburant et la concurrence féroce des compagnies à bas coût ont placé le groupe Air France/KLM dans une situation difficile, avec des pertes de plus de 800 millions d'euros en 2011 et une lourde dette (6,5 milliards).

La compagnie tricolore, engagée depuis janvier dans un plan d'économies de deux milliards d'euros à l'horizon 2015, dont le gel des embauches, a déjà annoncé une réduction de sa flotte et une montée en puissance de sa filiale à bas coûts Transavia.

Des syndicalistes estiment que des transferts de contrats au sein du groupe sont envisageables mais la question n'est pour l'heure pas à l'ordre du jour, selon eux.

Les discussions battent donc leur plein et il reste une semaine à la direction pour donner un avenir à la compagnie et convaincre les syndicats, notamment ceux des PNC peu enclins à signer.

Lors d'un CCE le 28 juin, une version finale de Transform 2015 devrait être présentée, puis soumise à la signature des syndicats des différentes catégories de personnel vers le 6 juillet.

Faute d'accord, la direction dénoncerait le cadre contractuel existant et disposerait alors de 15 mois pour réviser les accords d'entreprise (promotions, temps de travail, congés, composition d'équipage, ancienneté, etc.).

Depuis 20 ans, Air France a réalisé des plans d'économies et des réorganisations sans recourir aux licenciements. Elle pourrait changer de ton si les négociations échouaient, malgré l'opposition de l'Etat, actionnaire à hauteur de plus de 15% de la compagnie, à des départs contraints.

SUD aérien (minoritaire) a déposé un préavis du 21 au 24 juin qui n'aura pas d'impact sur le trafic, selon la direction.

En parallèle sera examiné le dossier des filiales (Regional, Britair et Airliner) réunies en un pôle unique. Des détails leur seront livrés lors de réunions des commissions économiques des CE le 28 juin.

Les syndicats de Regional, craignant des licenciements, menacent de faire grève la semaine prochaine.