Le géant de l’informatique a dévoilé lundi les premières tablettes tactiles 100 % made in Microsoft. Une tentative de concurrencer Apple sur son propre terrain qui risque de décontenancer les constructeurs de PC.
Il y a plus sous la Surface qu’une simple tablette. Microsoft s’est, certes, lancé, lundi 18 juin , à l’assaut de l’iPad d’Apple en dévoilant en grande pompe à Los Angeles sa nouvelle gamme de tablettes sous Windows 8 (le nouveau système d’exploitation de Microsoft).
Microsoft parie, dans un premier temps, sur deux modèles de Surface, l’un pensé pour la consommation quotidienne de divertissement à la sauce iPad (vidéo, jeux, musique, etc.) et l’autre, plus puissante, qui cible davantage un public de professionnels avec une suite bureautique complète. Le groupe n’a cependant pas encore dévoilé de prix ni de date de sortie pour ses nouveaux produits. L’ innovation principale, censée les différencier au premier regard d’un iPad, est qu’elles sont munies d’un clavier ultra-fin et flexible intégré à la coque de protection de la Surface.
C’est l’offensive la plus ambitieuse à ce jour du roi incontesté des PC de bureau dans le monde de la mobilité. Jusqu’à présent, Microsoft suivait sa stratégie traditionnelle de développer un système d’exploitation et de s’en remettre aux constructeurs de matériel pour sortir des produits - PC, smartphone, tablette - labellisés Windows.
Cette fois-ci, “c’est une famille d’appareils signés Microsoft”, assure Steve Ballmer, le PDG du géant californien. Le groupe, comme le fait Apple, peut ainsi contrôler toute la chaîne de production. Une approche que Microsoft a déjà adoptée avec succès dans le jeu vidéo. Sa console Xbox, dont la première génération sortie en 2001 avait longtemps été un gouffre financier, est devenue rentable en 2006 dans sa version Xbox 360 et se vend aussi bien que la Playstation 3 du vétéran du secteur Sony.
Message déroutant
Mais si Steve Ballmer a prédit à Los Angeles un avenir radieux à la Xbox pour ses Surface, il s’est bien gardé d’invoquer les autres expériences de Microsoft dans la construction de matériel. Le spécialiste du logiciel informatique a, ainsi, échoué à concurrencer les iPod d’Apple avec son lecteur multimédia Zune dont la production a été interrompue en octobre 2011.
Le groupe s’est également fourvoyé dans la construction de téléphones portables. En avril 2010, il avait dévoilé la gamme de smartphones Kin, deux téléphones qui visaient un public jeune avide de réseaux sociaux. Mais des ventes jugées “décevantes” ont poussé Microsoft à arrêter l’expérience… trois mois plus tard.
L’incursion de Microsoft sur le terrain des constructeurs de matériel est aussi un message déroutant pour les partenaires traditionnels - les Dell, HP et autres Toshiba - de Microsoft. “Les autres constructeurs de tablettes Windows 8 n’ont pas dû être ravis d’apprendre que Microsoft allait dorénavant être leur concurrent avant d’être leur partenaire”, résume ainsi Mashable, un site américain spécialisé dans les nouvelles technologies.
Avec leurs claviers intégrés à la coque de protection et leur compatibilité avec les suites bureautiques de Microsoft, ces produits risquent également de faire de l’ombre aux ultrabooks, ces ordinateurs portables ultra-fins et haut de gamme pensés par les Dell, Toshiba et autres constructeurs de PC comme des réponses à l’iPad. Avec ses Surfaces, Microsoft risque donc d’être accusé de couper les ponts avec ces constructeurs qui, depuis des décennies, sont à la base de son modèle économique au seul profit de courir après l’iPad.