Le plan de sauvetage des banques espagnoles n’a convaincu ni les marchés, ni le patron de la Banque mondiale. Cet échec met la situation explosive de l'Espagne sur le devant de la scène du G20 qui a débuté lundi 18 juin.
Pour les dirigants du G20, qui se réunissent à partir de ce lundi à Los Cabos (Mexique), un dossier européen brûlant en chasse un autre. Ce club des 20 pays les plus influents au monde a certes échappé à un drame grec grâce à la courte victoire, dimanche, des partis favorables à une poursuite de la politique d'austérité - la Nouvelle Démocratie et le Pasok. Mais en contrepartie, ils récupèrent une situation espagnole plus explosive que jamais.
“Les Européens ont utilisé des grosses munitions et les ont gâchées”, a commenté, dimanche, Robert Zoellick, le patron de la Banque mondiale, devant un parterre de grands patrons réunis au Mexique à la veille du début du G20. Il enterrait ainsi les 100 milliards de prêts que l’Europe a accordés, le 9 juin, à Madrid pour sauver ses banques.
Alors que ce plan n’est vieux que de dix jours, Robert Zoellick n’est même pas le premier à lui voler dans les plumes. Les marchés financiers l’ont largement précédé. Deux jours après l’annonce de ces prêts aux banques espagnoles, les taux auxquels Madrid pouvait emprunter des fonds sont remontés en flèche.
Cette escalade a abouti ce lundi à un taux d’intérêt supérieur à 7 % pour les obligations espagnoles à dix ans. Un seuil qui a de fâcheux précédents : l’Irlande, la Grèce ou le Portugal ont tous dû s’en remettre à l’aide financière internationale après l'avoir franchi pendant un certain temps.
Les agences de notation ont aussi sanctionné le plan de sauvetage européen. Fitch a abaissé les notes des principales banques le 12 juin tandis que Moody’s a dégradé, mercredi 13 juin, la note souveraine espagnole de trois crans.
Approximation
La plupart des analystes s'accordent à dire que le plan a été décidé à la va-vite. “On ne décide pas d'un sauvetage bancaire par téléconférence. Ce n'est pas que les détails du plan aient été mal expliqués, c'est que ces détails n'existent pas encore !”, regrettait Juan Ignacio Crespo, un analyste financier espagnol interrogé par le Figaro le 14 juin.
Aux contours flous du plan s’ajoute un Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, pris en flagrant délit d’approximation. Il avait assuré, le 11 juin, que les banques allaient devoir payer les intérêts sur ces prêts accordés à l’Espagne. Erreur : ce sont bel et bien les Espagnols qui, au final, vont payer la note de ces intérêts. Une facture salée, qui s'ajoute au déficit national.
Autant d’éléments qui donnent l’impression d’un cafouillage insupportable aux yeux des marchés financiers. “Les investisseurs savent gérer les risques qu’ils connaissent”, tranche Robert Zoellick. Une manière de dire que l’Europe et l’Espagne doivent se mettre d’accord au plus vite sur les détails de la fameuse aide aux banques. Ce sera probablement l'un des enjeux majeurs du G20. Sans ces précisions, Madrid risque de se retrouver dans une situation à la Grecque, incapable de lever de l’argent sur les marchés et dépendant uniquement de l’aide internationale. Pas sûr que l’Union européenne dispose de suffisamment d’argent pour faire face à cette éventualité.