
Les conservateurs de Nouvelle Démocratie sont donnés gagnants des élections législatives et appellent les socialistes à les rejoindre. Le chef de la gauche radicale, Alexis Tsipras, a reconnu sa défaite.
REUTERS - Les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND), qui soutiennent les mesures d'austérité imposées à Athènes par ses créanciers internationaux, ont remporté les législatives de dimanche en Grèce aux dépens de la Coalition de la gauche radicale Syriza, selon une projection du ministère de l'Intérieur.
Le chef de file de Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, s'est déclaré "soulagé pour la Grèce et l'Europe" par le résultat du vote et prêt à former un gouvernement dès que
possible. Alexis Tsipras, le jeune dirigeant de Syriza, a téléphoné à son adversaire pour reconnaître sa défaite.
Six semaines après les élections législatives du 6 mai, qui n'avaient produit aucune
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majorité stable, ND et le Pasok, qui soutient également l'austérité en échange d'une aide financière de l'Union européenne, du Fonds monétaire international et de la
Banque centrale européenne, auraient une majorité de 159 à 161 sièges.
D'après la projection du ministère de l'Intérieur, ND recueille 29,5% des voix et 128 sièges devant la Coalition de la gauche radicale Syriza (27,1% et 72 sièges), le Pasok (12,3% et 33 sièges).
Dans un sondage distinct, réalisé à la sortie des urnes par cinq instituts, les conservateurs sont crédités de 28,6% à 30% des suffrages et Syriza recueillerait de 27,5 à 28,4%.
Les projections en sièges effectuées sur la base de cette enquête donnent 127 sièges à ND, 72 sièges à Syriza et 32 sièges aux socialistes du Pasok, sur les 300 élus que compte la Vouli (parlement monocaméral).
Le mode de scrutin en Grèce réserve une prime de 50 élus au parti vainqueur des élections.
Samaras "soulagé"
"Je suis soulagé. Je suis soulagé pour la Grèce et pour l'Europe. Nous formerons un gouvernement dès que possible", a dit à Reuters Antonis Samaras en quittant son QG sous les cris de joie de ses partisans.
Alexis Tsipras, dont la Coalition de gauche radicale (Syriza) arriverait en deuxième position, a appelé Samaras et a reconnu sa défaite, selon un porte-parole de Syriza.
"M. Alexis Tsipras a téléphoné à Antonis Samaras et lui a dit de former un gouvernement sans Syriza et que Syriza était désormais le principal parti d'opposition", a dit Panos Skourletis à Reuters.
Le dirigeant du Pasok, Evangelos Venizelos, a estimé pour sa part que la Grèce avait besoin d'avoir un gouvernement dès demain lundi et a appelé l'ensemble des principaux partis grecs, dont Syriza, à rejoindre ce gouvernement.
Un haut responsable de Syriza a prévenu que son parti ne participerait pas à un gouvernement de coalition soutenant le plan de sauvetage.
Ces élections législatives étaient considérées, au moins pour une partie de la population, comme un référendum sur les conditions imposées à Athènes par l'UE et le FMI et qui se sont traduites par un accroissement de la pression fiscale, une hausse du chômage et une réduction parfois drastique des salaires.
L'euro bondit
Alors que les autorités politiques et monétaires du monde entier se préparaient à se protéger d'une possible tempête sur les places financières, les banques centrales des principales puissances économiques mondiales se tenaient prêtes à stabiliser les marchés et à prévenir tout assèchement du crédit.
Sitôt connues les premières projections, l'euro a bondi sur les marchés des changes, atteignant son plus haut niveau en trois semaines contre le dollar, à environ 1,2730 dollar dans les premières transactions en Asie contre 1,2655 dollar vendredi à New-York.
Antonis Samaras, qui a estimé que les électeurs grecs avaient voté pour le maintien de leur pays dans la zone euro, a dit vouloir travailler avec ses partenaires européens sur des mesures de croissance.
Le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, a annoncé un communiqué de la zone euro sur la Grèce et dit espérer qu'Athènes respectera ses engagements. ( )
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, tout en excluant toute renégociation des programmes d'austérité, a laissé entendre que la zone euro pourrait accorder quelques concessions à Athènes sur les délais de réalisation de ses objectifs de réduction du déficit budgétaire.
Les rues d'Athènes sont restées calmes pendant le vote, bien que deux inconnus aient lancé une grenade - qui n 'a pas explosé - devant le bâtiment abritant la chaîne de télévision grecque Skai. Beaucoup d'Athéniens ont déserté la capitale pour voter dans leurs localités d'origine, en province.
Lors du vote, certains électeurs ont exprimé leur malaise, partagés entre leur répulsion pour ND et les socialistes du Pasok, qui soutiennent le plan de sauvetage, et leur crainte d'entraîner une sortie de la Grèce de la zone euro, en votant pour les opposants aux mesures d'austérité.
"J'aurais voulu ne pas avoir à voter, mais il le fallait", a déclaré Kelly Nerantzaki, une vendeuse de 50 ans qui a voté pour l'un des deux partis soutenant le plan de sauvetage.
"Malheureusement, la seule option réaliste est de voter pour ceux qui ont provoqué les problèmes du pays. Je ne crois pas que Syriza ou les petits partis aient une chance; les Européens ne les accepteront pas."