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À peine son immunité levée, Sarkozy contre-attaque dans l'affaire Bettencourt

Privé de son immunité présidentielle depuis samedi, Nicolas Sarkozy a fait adresser une copie de son agenda de 2007 au juge d'instruction qui enquête sur un possible financement illicite de sa campagne de 2007 par les Bettencourt.

AFP - Depuis la mi-juin, ne bénéficiant plus de l'immunité de président, Nicolas Sarkozy pourrait avoir à répondre à des questions dans l'affaire Bettencourt : l'ancien chef de l'Etat a devancé le juge en faisant communiquer à celui-ci par son avocat son agenda 2007 et sept pages d'observations.

Le Journal du Dimanche (JDD) révèle en effet que l'ancien président de la République a fait envoyer au juge Jean-Michel Gentil une copie certifiée conforme de son agenda de début 2007, et fait placer l'original chez un huissier..

M. Gentil enquête en effet sur un possible financement illicite de la campagne de M. Sarkozy en 2007, notamment grâce aux témoignages d'anciens employés disant l'avoir vu chez les Bettencourt début 2007, du vivant de l'ancien ministre André Bettencourt.

Mais loin de paraître subir la fin de son immunité, M. Sarkozy s'en sert comme d'une "pleine liberté" retrouvée "de se défendre des accusations portées publiquement à son encontre depuis de nombreux mois", selon le courrier de Me Thierry Herzog.

Celui-ci, qui n'était pas joignable dans la nuit de samedi à dimanche, estime que la comparaison entre l'agenda et les témoignages parus dans la presse, "permettra de démentir formellement la mise en cause" de M. Sarkozy.

Le premier témoignage, celui d'un ancien chauffeur citant une ancienne gouvernante décédée en 2008, permettrait de situer un rendez-vous entre M. Sarkozy et les Bettencourt entre le 27 mars et le 5 avril, en soirée mais avant 20H15. Me Herzog égrène alors la totalité du programme de M. Sarkozy pendant ces dix jours, estimant que cet emploi du temps permet de "démentir catégoriquement" le témoignage.

Me Herzog relève que l'agenda de M. Sarkozy comporte "une unique visite" chez les Bettencourt, le 24 février 2007 à 12 heures et "pendant environ 20 à 25 minutes". Mais il jette un doute sur deux autres témoins évoquant l'aspect "impromptu" de la visite, estimant en substance qu'un ministre de l'Intérieur, très escorté comme M. Sarkozy à l'époque, ne saurait se déplacer de manière discrète.

Enfin, au sujet d'une "demande d'argent" supposée de Nicolas Sarkozy à Mme Bettencourt qui figure à la date du 26 avril 2007 dans le journal intime de l'ex-ami de Mme Bettencourt, François-Marie Banier, Me Herzog tranche que tout rendez-vous de M. Sarkozy chez les Bettencourt était "matériellement impossible" ce jour-là.

Et comme l'ex-secrétaire des Bettencourt aurait émis l'idée que l'argent a pu être remis le dimanche 29, Me Herzog observe qu'à cette date M. Sarkozy était "suivi par des photographes et des reporters toute la journée".

Il relève que tous les déplacements de M. Sarkozy à cette époque étaient "sous le contrôle des fonctionnaires de police chargés d'assurer sa sécurité", et propose même au juge de fournir leur identité pour pouvoir les entendre.

Le 3 avril sur Canal+, M. Sarkozy lui-même avait relevé qu'il avait pu aller chez les Bettencourt, puisqu'il avait été maire de Neuilly-sur-Seine où ils habitent, et qu'il partageait les idées politiques de M. Bettencourt.

"La question c'est +est-ce que vous auriez pu rencontrer André Bettencourt+ ? Bien sûr. Quel est le problème, quelle est l'histoire, quelle est l'information ?", avait-il lancé.

La juge de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, a affirmé connaître des témoins ayant vu des remises d'espèces à M. Sarkozy, mais le seul qu'elle a cité a démenti. On ne sait cependant pas ce qu'elle a pu confier au juge, qui l'a entendue le 20 septembre dernier.

Mais à part cela, plusieurs sources proches du dossier ont considéré récemment que M. Gentil manquait de matière concrète pour réellement inquiéter l'ancien président.