
Quelque 46 millions de Français élisent leurs députés, ce dimanche, à l’occasion du premier tour des législatives. L'institut de sondages Ipsos évalue le taux d'abstention à près de 43 %. Un chiffre qui serait en-deçà de celui de 2007.
Un peu plus d’un mois après l’élection de François Hollande à la tête du pays, les Français sont de nouveau appelés aux urnes, ce dimanche, pour renouveler la chambre basse du Parlement, l’Assemblée nationale. À 17h, la mobilisation en métropole était en baisse par rapport à celle du premier tour des législatives de 2007 : le taux de participation ne s'élevait qu'à 48,31% %, contre 49,28 % cinq ans plus tôt à la même heure.
L’enjeu est, pour le nouveau président et son gouvernement, de disposer d’une majorité de gauche afin de mettre en œuvre les réformes défendues lors de la campagne présidentielle. Mais la droite entend bien défendre la majorité dont elle disposait jusqu’à présent dans l'hémicycle pour voir s’ouvrir une période de cohabitation - lorsqu'un président et le camp majoritaire à l’Assemblée sont de bords politiques différents -, comme le pays en a déjà connue à trois reprises sous la Ve République.
Le PS en quête de majorité absolue
Pour obtenir la majorité absolue, un parti doit obtenir 289 sièges sur les 577 que compte le Palais Bourbon. Donné vainqueur par les derniers sondages, le Parti socialiste (PS) entend bien profiter de la dynamique créée par son bon score à la présidentielle pour franchir ce cap et gouverner sans contrainte.
S’il arrive en tête mais sans dépasser ce seuil, il devra en revanche s’allier à d’autres partis pour former une coalition. Une entente avec les radicaux de gauche et les candidats élus sous l’étiquette "divers-gauche" serait un moindre mal, mais le PS pourrait également être obligé de s’entendre avec les écologistes, voire avec le Front de gauche et le Parti communiste, pour disposer de la majorité.
À droite, on veut croire à un sursaut des électeurs, soucieux de ne pas confier à la gauche "les pleins pouvoirs" (en plus d’un président de gauche à l’Élysée, l’autre chambre du Parlement, le Sénat, est dominée par la gauche, ainsi que la grande majorité des régions et départements du pays).
Pour tenter de contrebalancer la victoire de la gauche à la présidentielle, l’UMP a investi de nombreux députés sortants et réputés bien implantés, quitte à enfreindre la règle de parité homme-femme et à devoir s’acquitter d’une lourde amende.
Des députés FN ?
Fort de ses 17,9 % à la présidentielle, le Front national (FN) de Marine Le Pen, rebaptisé pour les législatives Rassemblement bleu marine, espère pouvoir être représenté à l’Assemblée nationale. Le FN, qui dénonce régulièrement le mode de scrutin (majoritaire uninominal à deux tours) en vigueur pour ces élections, ne comptait en effet aucun député lors de la dernière législature (un seul candidat étiqueté FN a été élu à l'Assemblée depuis 1988).
Opposés à des candidats de gauche et de droite, les candidats du FN comptent sur des triangulaires - cas de figure où trois candidats peuvent se maintenir au second tour - pour éventuellement être élus. La présidente du parti d'extrême droite mène, elle, une bataille dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où elle affronte le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Au-delà des tendances politiques sur le plan national, de nombreuses personnalités jouent leur avenir lors de ces élections. C’est notamment le cas de François Bayrou, Ségolène Royal, Claude Guéant, Jack Lang, Rama Yade, Gilbert Collard... Enfin, les membres du gouvernement Ayrault qui se présentent risquent leur poste, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ayant indiqué que les ministres candidats non élus seraient contraints de démissionner.
L’abstention en question
Au total, ils sont plus de 6 600 candidats à se présenter dans les 577 circonscriptions établies à l’occasion de la réforme constitutionnelle de 2008. Pour être élus dès le premier tour, ils doivent obtenir plus de 50 % des suffrages - en 2007, cela avait été le cas de 109 candidats, dont 108 de droite. Dans le cas contraire, un second tour se dispute entre les candidats ayant recueilli un nombre de suffrages égal ou supérieur à 12,5 % des électeurs inscrits.
L’un des principaux enjeux de ce scrutin réside dans le taux de participation, les Français votant habituellement moins pour les élections législatives qu’ils ne le font pour la présidentielle. La participation n’avait été que de 60,4 % lors du premier tour des législatives de 2007, contre 79,5 % au premier tour de la présidentielle de 2012.
Une forte abstention, ce dimanche, réduirait le nombre de triangulaires, car plus la participation est faible, plus il est difficile pour un candidat d’atteindre la fameuse barre des 12,5 % d’inscrits pour pouvoir se maintenir au second tour.